Les républicains ont cherché mardi à discréditer un témoin-clé de l’enquête en destitution contre Donald Trump, un officier américain né à Kiev et conseiller à la Maison Blanche, qui avait alerté sa hiérarchie après avoir entendu le président demander à l’Ukraine d’enquêter sur un de ses rivaux.
Les élus républicains l’ont malmené à plusieurs reprises, mettant en cause sa loyauté envers le président et les Etats-Unis. M. Vindman, membre du Conseil de sécurité nationale à la Maison Blanche, a rétorqué n’avoir fait que « son devoir » en signalant un échange « inapproprié » entre Donald Trump et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le 25 juillet.
Outre M. Vindman, trois autres hauts responsables ont été entendus mardi devant la commission du Renseignement de la Chambre des représentants, qui supervise les investigations. Les républicains se sont montrés beaucoup plus cléments envers deux témoins qu’ils avaient demandé à entendre : l’ancien émissaire américain en Ukraine Kurt Volker, et le supérieur de M. Vindman au Conseil de sécurité nationale, Tim Morrison. Les deux hommes ont fourni des déclarations qui pourraient aider le président. « Je n’ai jamais eu l’impression d’être impliqué dans une forme de corruption », a ainsi déclaré M. Volker, alors que les démocrates pourrait retenir ce chef d’accusation contre Donald Trump.
Malgré leur prudence, les deux hommes ont tout de même confirmé plusieurs éléments troublants. M. Volker a ainsi redit avoir travaillé avec les Ukrainiens pour qu’ils s’engagent publiquement à enquêter sur Burisma, l’entreprise qui employait le fils de Joe Biden, Hunter, afin d’obtenir une invitation à la Maison Blanche pour leur président. Le projet de communiqué avait toutefois été abandonné en août. M. Morrison a de son côté déclaré que l’ambassadeur américain auprès de l’Union européenne, Gordon Sondland, avait dit en septembre aux Ukrainiens que les 400 millions de dollars d’aide militaire seraient dégelés s’ils annonçaient une enquête sur Joe Biden.
M. Sondland, un riche homme d’affaires nommé ambassadeur après avoir donné un million de dollars au comité d’investiture de Donald Trump, intéresse donc beaucoup les démocrates. Mercredi, il a à son tour témoigné au Congrès. Lors de son interrogatoire à huis clos, il avait d’abord nié que l’aide militaire ait servi à faire pression sur le gouvernement ukrainien. Contredit par d’autres témoins, il s’était ensuite « souvenu en avoir parlé, en aparté » avec un conseiller du président ukrainien. Gordon Sondland a énuméré un à un les noms de tous les participants à des chaînes de mails, des discussions WhatsApp et des conversations téléphoniques. Dans le témoignage public le plus explosif depuis le début de l’enquête d’impeachment, il a directement impliqué Donald Trump dans la campagne pour faire pression sur Kiev afin d’obtenir une enquête sur Joe Biden et sur l’élection de 2016, l’assurant : «on a suivi les ordres du président».