La fameuse chaîne de télévision 2M a annoncé une « très bonne nouvelle » aux contribuables marocains: la signature d’un accord avec les chinois pour la diffusion d’une série chinoise sous-titrée en langue arabe, intitulée « A Happy Life » (Une vie heureuse). La cérémonie de signature a été présidée, jeudi au siège de 2M à Casablanca, par Liu Qibao, chef du Département de la communication du Comité central du Parti communiste chinois (PCC) et Mohammed Ghazali, secrétaire général du ministère de la Communication et de la Culture.
Le directeur général de 2M Salim Cheikh, tout sourire, s’en félicite et il y a de quoi: cet accord « établit un autre pont entre les cultures des deux pays », souligne-t-il convaincu qu’il est que, grâce à ces séries et films, le public marocain pourra avoir plus de connaissance sur la culture chinoise. Ce public, en fait, avait déjà une idée sur les produits « Made in China », à présent il sera fixé sur « la Vie heureuse » chez l’Empire du Milieu.
Ainsi, après les séries égyptiennes, syriennes, turques, mexicaines et on ne sait quoi, les voilà les chinois qui débarquent sur notre écran avec une série prometteuse qui fera oublier aux marocains, qui figurent parmi les peuples moins heureux du monde selon les études, qui s’intitule « Vie heureuse ».
« Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage », disait le poète Joachim Du Bellay. Les marocains ne sont pas en reste. Comme Ulysse, ils sont heureux d’avoir effectué le tour du monde, sans bouger de la table tout en sirotant le thé ou la harira, un tour du monde qui les mènera cette-fois-ci dans dans la lointaine Chine.
Il faut reconnaître que grâce à 2M, qui n’aime pas trop consulter ses téléspectateurs avant de leur imposer ces séries destinées plus à l’étranger qu’a la consommation dans les pays ou elles sont produites, les téléspectateurs marocain auront presque bouclé ce tour du monde en attendant l’Australie. Décidément, le ridicule ne tue plus à 2M.
Ce qui est malheureux, c’est que les marocains, si on les interroge, n’ont parfois aucune idée des coutumes et du mode de vie de leurs compatriotes, au Rif, au Moyen Atlas, au Souss, au Sahara etc.. Alors parler de « pont » entre les cultures qui n’ont absolument rien à voir avec la notre, c’est un peu prendre les téléspectateurs pour des imbéciles auxquels on veut imposer une « Vie heureuse » à la chinoise.
La religion est l’opium du peuple, disait Marx. Au Maroc, ce sont ces séries à l’eau de rose que nous fourgue 2M et consœurs à longueur de décennies, qui le sont.
L’autre nouvelle- moins bonne celle-là-, est le divorce annoncé par la non moins fameuse Loubna Abidar avec son mari brésilien et père de sa fille Luna: « Après des années de mariage (…) nous avons décidé de finaliser les procédures de divorce à l’amiable », a-t-elle écrit sur sa page Facebook. Un divorce qui, selon elle, a été maintes fois reporté « en raison de l’état de santé » de sa mère et à cause du « regard de la société » qui a obligé le couple à « supporter une mésentente pendant 11 années ».
Elle ne saurait mieux dire, si on veut dresser un parallèle entre cette « nouvelle » et celle de 2M, à la différence près qu’elle finira (Loubna) par se débarrasser de son époux « après 11 ans de mésentente », alors qu’avec 2M, les téléspectateurs, et en surtout les contribuables, auront du mal à le faire avec leur chaîne qui leur fait le tour du monde des cultures et dresse à cet égard des « ponts » ça et là, et qui risquent de se briser et envoyer tout le monde à l’eau…de rose, cela s’entend.