S’exprimant devant la Jeunesse de son parti, le 18 octobre, à l’ouverture du 13ème congrès général de l’organisation de la jeunesse istiqlalienne, Nizar Baraka dénonce des conditions socio-économiques fragiles aggravées par la conjoncture économique difficile, et une action gouvernementale aussi peu efficace qu’efficiente.
L’homme qui monte à la tribune, vendredi à Bouznika, dresse, devant la base de son parti, un bilan calamiteux de l’action gouvernementale, caractérisé par une série d’éléments contextuels : les orientations du Roi Mohammed VI ne sont pas opérationnalisées, l’économie est engluée dans la trappe à liquidité, la politique monétaire est dépourvue de sa capacité de traction, le déficit et l’endettement augmentent, les mesures d’assainissement des finances publiques sont insuffisantes et les réformes structurelles ne touchent pas tout le monde. Puis, la question principale, la plus grande : où va la politique de jeunesse au Maroc, demande-t-il. Il présente un état des lieux des inégalités entre jeunes, insiste sur la perspective d’une stratégie d’investissement social, déplore qu’une politique en faveur de la jeune population en particulier soit bannie de la boîte à outils des décideurs politiques.
Le Parti de la Justice et du Développement (PJD) à la tête de la coalition a remanié son équipe faite de sensibilités politiques diverses et de personnalités indépendantes. Selon l’ex-président du CESE, le gouvernement fait face à une réalité sociale et économique très détériorée, marquée par un taux de chômage élevé, en particulier chez les jeunes et les femmes, par l’inopération des systèmes de redistribution des richesses, qui perpétue d’énormes disparités sociales, ainsi que le manque criard de ressources pour développer de nouvelles politiques sociales. «Force est de constater que le discours et premières décisions adoptées par ce gouvernement laissent apparaître une absence patente d’options de rupture ou d’alternatives dans le domaine économique, la démocratie participative et l’insertion des jeunes», s’est indigné le secrétaire général de l’Istiqlal.
Nizar Baraka a centré son intervention sur la situation des jeunes et critique le rapport distancié des politiques publiques par rapport à ce sujet. Il remet en cause la manière de mettre en œuvre concrètement les dispositifs destinées à diminuer les difficultés d’accès à l’emploi des jeunes, le chômage de masse et le développement de la précarité en articulant ces questionnements avec l’action des missions locales, et, en particulier, les démarches du gouvernement, jugées trop insuffisantes.
La stratégie du choc du PJD visant à réduire les dépenses de l’État est inacceptable, et son entreprise de privatisation de la société et des esprits est meurtrière. Nizar Baraka est catégorique : «Il faut tout faire pour mettre en œuvre la masse critique des réformes qui permettra de changer la situation actuelle.» Tout le modèle social marocain est en train d’être violemment ébranlé par les politiques du gouvernement. Pour Baraka, le PJD ne fait qu’appliquer les prescriptions ultralibérales qui ne ciblent que les services publics. L’ex-patron du CESE constate un décalage entre le système éducatif et le marché du travail et le manque des programmes qui abordaient ce problème, dans un contexte où la formation et création de postes dans l’administration publique diminuent considérablement.
Il appelle le gouvernement à proposer une politique d’ensemble sur le long terme, pour être à la hauteur des défis qui l’attendent. Le développement équilibré des territoires au détriment des régions intérieures fait partie des griefs de Nizar Baraka, qui appelle à augmenter les investissements publics dans ces régions. «La crise sociale constitue un désaveu majeur du gouvernement, non seulement parce qu’il est peu équipé pour analyser les déséquilibres, mais aussi parce que les politiques mises en place pour en contrer les effets sont lacunaires», affirme Baraka.