Les frontières avec le Maroc, les plus militarisées de la région, sont dotées par l’Algérie d’un réseau de surveillance électronique sophistiqué, comprenant radars, drones et caméras thermiques. À cela s’ajoutent des patrouilles régulières et une mobilisation permanente des détachements de l’Armée nationale populaire (ANP). Les saisies hebdomadaires annoncées par Alger sont une mise en scène désolante.
Malgré la fermeture des frontières terrestres avec le Maroc depuis 1994 et un dispositif de surveillance renforcé, incluant des moyens électroniques sophistiqués et la mobilisation constante de l’armée nationale (ANP), l’Algérie affirme avoir mis en échec des tentatives d’introduction de plus de dix quintaux de kif traité «en provenance du territoire marocain (sic!)» Selon le ministère de la défense nationale (MDN), ces opérations auraient été menées entre le 27 novembre et le 3 décembre.
Les autorités algériennes indiquent également avoir intercepté 43 individus qualifiés de narcotrafiquants au cours d’opérations distinctes menées par des détachements combinés de l’ANP, en coordination avec d’autres services de sécurité. Ces interventions, selon le MDN, témoigneraient du «de la vigilance et de la disponibilité permanente» des forces armées sur l’ensemble du territoire.
Des saisies assez «fabriquées»
Les affirmations répétées des autorités algériennes concernant l’interception de quantités importantes de kif traité et d’autres produits illégaux supposés provenir du Maroc soulèvent des interrogations, particulièrement au regard des moyens considérables déployés pour contrôler cette frontière terrestre fermée depuis 1994. Cette bande, l’une des plus militarisées de la région, est dotée d’un réseau de surveillance électronique sophistiqué, comprenant radars, drones et caméras thermiques. À cela s’ajoutent des patrouilles régulières et une mobilisation permanente des détachements de l’Armée nationale populaire (ANP).
Dans ce contexte, l’annonce de la saisie de plus de dix quintaux de kif traité n’est qu’une mise en scène. Une telle quantité nécessiterait des réseaux logistiques complexes, capables de déjouer non seulement la vigilance des forces de sécurité marocaines mais également celle des dispositifs algériens supposés hermétiques. Ce paradoxe alimente, depuis des années, des doutes sur la véracité des chiffres avancés qui pourraient servir plus un discours politique radical qu’un véritable bilan opérationnel. Ces déclarations controuvées s’inscrivent, surtout, dans une stratégie narrative vouée à accuser le Maroc de ne pas contrôler ses frontières.
Une rhétorique lassante et répétitive
Les annonces du ministère de la défense nationale (MDN) s’inscrivent également dans un contexte régional marqué par une surenchère d’Alger envers le Maroc. Depuis la rupture officielle des relations diplomatiques en 2021, les autorités algériennes ont multiplié les accusations à l’égard de leur voisin occidental, notamment en matière de narcotrafic, un marronnier des médias locaux. Pourtant, les frontières fermées depuis trois décennies et les investissements massifs dans la sécurisation de ces zones devraient, en théorie, limiter voire empêcher de telles infiltrations.
Ce discours, répétitif et alarmiste, n’est qu’une vile propagande destinée à détourner l’attention de problèmes internes, tels que l’inefficacité de certaines mesures de sécurité ou la porosité réelle de certaines frontières, notamment celles avec les voisins du sud. Les autorités algériennes tentent de maintenir un narratif accusateur envers Rabat pour accréditer l’idée d’une menace extérieure constante. Cette posture, dénoncée par plusieurs rapports internationaux, pourrait également servir à justifier le maintien ou le renforcement de budgets alloués à la sécurité et à l’armée, dans un pays où les dépenses militaires restent parmi les plus élevées du continent africain, 25 milliards de dollars en 2025.