Ismaël Omar Guelleh a été réélu, vendredi, avec 98,58 % des voix, selon les chiffres officiels provisoires. Il dirige ce pays d’une main de fer depuis vingt-deux ans.
Ismaël Omar Guelleh («IOG») va continuer de diriger d’une main de fer Djiibouti. Le président sortant de ce petit pays stratégique de la Corne de l’Afrique a été réélu, vendredi 9 avril, pour un cinquième mandat de cinq ans avec 98,58 % des voix (167 535 voix), selon des résultats provisoires proclamés par le ministre de l’intérieur, Moumin Ahmed Cheick.
«IOG», 73 ans, se présentait pour un cinquième et, théoriquement, dernier mandat face à Zakaria Ismail Farah, un homme d’affaires de 56 ans fraîchement débarqué en politique. Ce dernier a obtenu moins de 5 000 voix, selon le ministre de l’intérieur. Les résultats définitifs seront prochainement «donnés par le Conseil constitutionnel».
En 2016, lors de la précédente élection présidentielle, M. Guelleh avait été crédité d’environ 87 % des voix, là aussi dès le premier tour.
Plus de 77 % de participation
Vendredi, plus tôt dans la soirée, le premier ministre, Abdoulkader Kamil Mohamed, a annoncé sur Facebook que «la participation dépasserait les 77 %», contre 68 % en 2016.
Les quelque 215 000 électeurs inscrits (sur une population totale de 990 000 personnes) étaient invités à se rendre dans l’un des 529 bureaux de vote du pays, en majorité situés dans la capitale, Djibouti-Ville.
Vendredi midi, le président sortant, portant des vêtements traditionnels immaculés, avait voté accompagné d’une nuée d’officiels, d’officiers de sécurité et de journalistes, se disant «très, très confiant».
Zakaria Ismail Farah ne s’est pas exprimé
Cette réélection se dessine néanmoins comme un dernier tour de piste pour M. Guelleh, qui aura, lors du prochain scrutin en 2026, dépassé la limite d’âge de 75 ans imposée par la Constitution. Cette limite a été introduite en 2010, lors d’une révision de la Constitution principalement destinée à supprimer la limite de deux mandats fixée jusqu’alors.
Cette réforme avait permis l’année suivante à M. Guelleh, deuxième président de Djibouti depuis l’indépendance de la France, en 1977, de se présenter pour un troisième mandat. Il avait alors promis, en 2011, que ce serait sa dernière candidature.
Vendredi en fin de journée, M. Farah, qui ne répondait plus depuis plusieurs heures aux sollicitations de l’Agence France-Presse (AFP), n’avait été vu dans aucun bureau de vote. «Ça ne sert à rien mon vote, ni les votes de 80 % du peuple djiboutien», écrivait-il plus tôt dans un message, sans donner plus d’explications. Dans un second message, M. Farah a vivement critiqué l’absence de ses délégués dans les bureaux de vote, semblant suggérer qu’ils avaient été empêchés d’entrer.
Mais le chef de la mission d’observation de l’Union africaine (UA), Ahmed Tidiane Souare, a déclaré à la presse à la mi-journée que son équipe n’avait «pas rencontré de délégués» de l’opposant dans les bureaux de vote visités, précisant qu’il ne s’agissait pas d’une «obligation ». «Jusque-là, tout se passe dans les règles et dans le calme», a ajouté l’ancien premier ministre guinéen.