«On parle d’environ 1,5 million de personnes, et on fait tout simplement le ménage là-dedans», a déclaré le président américain. Une «excellente idée», selon le ministre israélien d’extrême droite Bezalel Smotrich.
Le président américain Donald Trump a proposé de déplacer les habitants de la bande de Gaza vers l’Égypte et la Jordanie dans le cadre d’un plan de paix consistant à «faire le ménage» dans le territoire palestinien, où la trêve entre Israël et le Hamas est entrée dimanche dans sa deuxième semaine. Le cessez-le-feu entré en vigueur le 19 janvier tient et a permis samedi l’échange de quatre otages israéliennes contre quelque 200 prisonniers palestiniens.
Mais après 15 mois de guerre déclenchée par l’attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023, Donald Trump a comparé samedi soir le territoire à un «site de démolition» et a dit avoir parlé de la situation au roi Abdallah II de Jordanie, ajoutant qu’il allait faire de même dimanche avec le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi. «On parle d’environ 1,5 million de personnes, et on fait tout simplement le ménage là-dedans. Vous savez, au fil des siècles, ce site a connu de nombreux conflits. Et je ne sais pas, quelque chose doit se passer», a déclaré Donald Trump aux journalistes à bord de l’avion présidentiel Air Force One.
«Je préférerais m’impliquer avec certaines nations arabes et construire des logements à un autre endroit où ils pourraient peut-être vivre en paix pour une fois», a ajouté le président américain. Selon lui, le déplacement des habitants de Gaza pourrait être «temporaire ou à long terme». La grande majorité des 2,4 millions d’habitants de Gaza ont été déplacés, souvent à plusieurs reprises par la guerre déclenchée par l’attaque du Hamas contre le sud d’Israël le 7 octobre 2023.
«Notre peuple est capable de reconstruire Gaza»
Les Palestiniens «feront échouer» la proposition de Donald Trump de les relocaliser dans d’autres pays «comme ils ont fait échouer tous les projets de déplacement (…) pendant des décennies», a déclaré à l’AFP un haut responsable du Hamas. «Nous confirmons que notre peuple, avec tous ses soutiens, est capable de reconstruire Gaza», a ajouté Bassem Naïm, membre du bureau politique du mouvement islamiste palestinien, joint au téléphone par l’AFP.
Le Djihad islamique, mouvement islamiste palestinien allié du Hamas à Gaza, a lui aussi dénoncé l’idée du président américain, jugeant que ses propos encourageaient les «crimes de guerre et crimes contre l’humanité». Ces «déclarations déplorables s’alignent sur les pires aspects de l’agenda de l’extrême droite sioniste et poursuivent la politique de déni de l’existence (…) du peuple palestinien», a ajouté le mouvement dans un communiqué, jugeant qu’elles encouragent «la perpétration continue de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité».
«Excellente idée»
La proposition de Donald Trump est «une excellente idée», a estimé ce dimanche un ministre d’extrême droite du gouvernement israélien. «Après des années de glorification du terrorisme, (les Palestiniens) pourront établir une nouvelle et belle vie ailleurs», a ajouté dans un communiqué le ministre des Finances Bezalel Smotrich, dont le parti est indispensable à la coalition du gouvernement de Benjamin Netanyahou. «L’idée de les aider à trouver d’autres endroits où commencer une vie meilleure est une excellente idée. Après des années de glorification du terrorisme, (les Palestiniens) pourront établir une nouvelle et belle vie ailleurs», a déclaré dans un communiqué le ministre des Finances.
«Pendant des années, les politiciens ont proposé des solutions irréalisables comme la division des terres et la création d’un État palestinien, qui mettaient en danger l’existence et la sécurité du seul État juif au monde», a ajouté Bezalel Smotrich, dont le parti est indispensable à la coalition du gouvernement de Benjamin Netanyahou. «Seule une réflexion originale avec de nouvelles solutions apportera une solution de paix et de sécurité. Je travaillerai, avec l’aide de Dieu, avec le Premier ministre et le cabinet pour garantir qu’il existe un plan opérationnel pour mettre en œuvre cela dès que possible.»
Livraison à Israël de bombes américaines
Donald Trump, qui s’est souvent vanté au cours de son premier mandat présidentiel qu’Israël «n’avait jamais eu de meilleur ami à la Maison Blanche», a également confirmé avoir débloqué une livraison de bombes de 2000 livres (97 kg) pour son allié. L’administration de l’ancien président démocrate Joe Biden avait suspendu l’année dernière les livraisons de telles armes, larguées par avion, à la fois précises et dotées d’une grande puissance destructrice, estimant qu’elles causeraient une «grande tragédie humaine».
Donald Trump avait exercé une intense pression sur les deux camps pour que soit conclu avant son investiture le 20 janvier un accord de cessez-le-feu. Dans le cadre de cet accord, les soldates israéliennes Daniella Gilboa, Karina Ariev, Liri Albag et Naama Levy, âgées de 19 à 20 ans, ont été libérées samedi et emmenées en Israël, où elles ont retrouvé leurs parents pour de longues étreintes dont l’armée a diffusé des photos.
Les jeunes femmes, qui effectuaient lors de leur enlèvement leur service militaire affecté à la surveillance de la bande de Gaza, ont ensuite été transférées en hélicoptère dans un hôpital proche de Tel-Aviv. Dans la soirée, des proches d’otages et leurs soutiens ont manifesté à Tel-Aviv pour exiger le retour des autres otages, 87 personnes dont 34 mortes selon l’armée, sur un total de 251 enlevées le 7 octobre 2023.
Reprise des combats
Mais sous la pression de l’extrême droite, une partie du gouvernement de Benyamin Netanyahou veut reprendre les combats à l’issue de la première phase de l’accord, ce qui condamnerait probablement les derniers otages. Signe des difficultés à mettre en œuvre l’accord, un différend de dernière minute a bloqué samedi le début du retour prévu dans le nord du territoire de centaines de milliers d’habitants déplacés par plus de 15 mois de guerre.
Israël a conditionné l’ouverture du «corridor de Netzarim», qui isole le sud du nord de la bande de Gaza, à la remise d’une otage civile, Arbel Yehud, invoquant le non-respect par le Hamas d’un terme de l’accord de trêve qui n’a pas été rendu public, l’obligeant à relâcher «en premier» les civiles.,Un dirigeant du Hamas a affirmé à l’AFP sous couvert d’anonymat que l’otage civile serait «relâchée à l’occasion du troisième échange» prévu début février.