El Habib Choubani, président de la région de Drâa-Tafilalet du Parti de la justice et du développement (PJD, islamiste), qu’il administre depuis 2015, ne cesse d’irriter l’opposition.
Le conseil de la région de Drâa-Tafilalet s’est réuni en session ordinaire lundi 2 mars pour débattre de plusieurs projets. Cette séance, suspendue plusieurs, en pleine polémique sur les errements du président El Habib Choubani, ne comptait aucun point à l’ordre du jour. La fracture se creuse entre le parti au pouvoir et l’opposition ; cette dernière, déplore qu’une région manquant de ressources, d’appels d’offres et d’emplois soit en proie à un système clientéliste, dénoncé plusieurs fois dans nos colonnes.
Beaucoup s’inquiètent d’un travail local à marche forcée, mené unilatéralement, sans concertation avec les élus. La coalition des partis de l’opposition – le Rassemblement national des indépendants (RNI, centre), le Parti du progrès et du socialisme (PPS, gauche), l’Istiqlal (Parti de l’indépendance, conservateur), le Parti authenticité et modernité (PAM, libéral), l’Union constitutionnelle (UC, centre droit) ont réclamé avec insistance une intervention en se référant à la Constitution et au règlement intérieur du conseil régional et ce, malgré l’entêtement de l’édile islamiste.
El Habib Choubani, soupçonné d’«irrégularités» présumées dans la gestion de la réghion, est accusé par une vaste majorité des élus du conseil régional de mener une politique où «la gabegie» et la « gestion opaque des finances publiques» le disputent au détournement des fonds consacrés aux chantiers et destinés à la population locale. Entêté, il a déclaré : « Je suis mon propre président, je ne suis le président de personne », avant de suspendre la séance. Une affirmation dans laquelle il se met de facto au-dessus de tous, oubliant ses obligations en tant qu’élu, au regard des autres représentants municipaux et communaux, des électeurs de sa région et du ministère de tutelle.
L’opposition reproche de même à Choubani des «recrutements dans des conditions peu transparentes» et «niveau de rémunération supérieur à la moyenne nationale pour un rendement insuffisant» et une vision éclopée qui privilégie les ajustements économiques peu étudiés aux droits sociaux.