La profanation du drapeau marocain, samedi à Paris, est «l’œuvre d’individus sans scrupule, dérangés». L’emblème national, bicolore «derrière lequel s’abritent tous les Marocains de bonne volonté soucieux de l’avenir du pays» doit être respecté. Plus qu’un emblème insulté, c’est la perception d’une volonté de désintégration de la pluralité historique marocaine qui exaspère.
Le 26 octobre 2019. Manifestation politique à Paris pour célébrer le souvenir du décès, en 2016, «d’un jeune vendeur de poissons, écrasé par accident dans un compacteur de déchets alors qu’il tentait de récupérer sa marchandise». L’emblème de la nation profané à Paris par des énergumènes qui développent explicitement la trame du discours d’exclusion, le jeu du «Nous et les autres» et la culture de division.
Quelques heures après, des personnalités et institutions de tous bords ont été outrées par une telle désacralisation du drapeau, du mépris de la force de son enjeu symbolique. La dernière en date, revient au Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME) qui a qualifié, dans un communiqué publié ce 28 octobre sur le portail du conseil, d’«enfantin» et de «lâche». Les apprentis-sorciers du verbe injurier et du simulacre ont lu un document qui réclame «l’indépendance du rif», brandissant des drapeaux pan-berbères et des pancartes affichant le portrait d’un ancien chef de tribu, ajoutant un coefficient de souillure, d’avilissement à la franche cruauté de leurs agissements.
Le fondement ultime d’une nation libre consiste en des liens sentimentaux authentiques qui assurent sa cohésion. Un tel sentiment se trouve façonné grâce à des symboles. Le drapeau représente le symbole de l’unité nationale, dépassant toutes divergences internes, aussi grandes soient-elles. Une jeune femme, entourée d’une petite dizaine de personnes, effectue un geste irrévérencieux envers les couleurs nationales. Les plis du lambeau ont cristallisé une haine injustifiée. Ainsi pourrons-nous mieux comprendre, en suivant ces événements, que certains comploteurs, dans l’ombre pour qui la frontière entre opposants et bandits est souvent floue, se radicalisent sensiblement.
Il faut avant tout mettre en relief le fait établi que le drapeau incarne et dit la patrie et se prête à tous les types d’exercices solennels. L’apprentissage des vertus civiques passe essentiellement par l’emblème national. Le Maroc a des racines qui renforcent l’union et l’identité nationales. Le drapeau fut et demeure l’objet d’un sentiment particulièrement révérenciel, symbole tellement puissant qu’il orne des maisons de particuliers, à la place d’honneur, au centre, en avant ou au-dessus des autres représentations. Il se fait même en des occasions culturelles et artistiques, un vêtement dont se parent et se couvrent des personnes lambdas et personnalités avec fierté, le prenant pour ce qu’il est : un ciment entre les gens et populations.
Cette profanation a été perpétrée par des individus qui participent à la gangrène des extrémismes qui attaquent différentes formes d’altérité. Elle s’inscrit dans une logique de provocation et d’exclusion. Mais alors laquelle ? Sinon celle de créer une catégorie de l’«entre-deux» en traçant des lignes de démarcation entre les Marocains. Ces individus font renaître au présent un passé éculé, remettent en marche la vérité fantasmatique d’être identifiés comme la petite part d’un grand tout accaparant, à partir de leurs origines géographiques et/ou historiques.
Peut-on, lorsqu’on brûle le drapeau, invoquer la liberté de parole ou de protestation ? Les gens qui se complaisent à brûler ou mutiler l’emblème de la nation sont peu nombreux heureusement et, au pire, provoquent seulement la colère et l’indignation. Un acte voulu et évident jusqu’à l’exagération. Les insultes au drapeau marocain en territoire étranger n’ont jamais servies une cause, fut-elle juste. Militer et commémorer se conçoivent dans le respect.






