Le Parti de la justice et du développement (PJD) du chef du gouvernement sortant, Saad-Dine El Othmani, a subi une défaite cuisante, passant de 125 à 12 sièges dans la nouvelle assemblée.
Alors que le roi Mohammed VI s’apprête à nommer un nouveau chef du gouvernement, qui devrait être issu des rangs du parti arrivé en tête, le RNI, tous les regards se tournent en attendant vers le traumatisme électoral subi par le PJD.
«Le parti au pouvoir du Premier ministre Saad-Dine El Otmani est arrivé huitième et passe de 125 sièges de député (sur 395) à… 12 ! L’abstention n’y est pour rien. Par rapport à 2016, plus de Marocains (50,18 % des 18 millions d’électeurs) ont voté pour ce scrutin couplé avec des élections régionales et communales» écrit Ouest France.
«Le recul des islamistes était attendu mais pas d’une telle ampleur. Aux commandes depuis dix ans, le PJD a subi l’usure du pouvoir. L’électeur a dit stop ! Ça suffit !
, estime le politologue Driss El Ganbouri, spécialiste des mouvements religieux», interrogé par le quotidien français.
«À l’arrivée, le bilan de dix ans au pouvoir est médiocre, les acquis bien maigrelets. Les indicateurs sont au rouge, aggravés par le choc du Covid : chômage des jeunes, explosion du taux de pauvreté, recul d’un tiers des revenus du secteur touristique (8 % du PIB)… Les gens sont déçus. Surtout, le PJD a échoué dans son propre camp idéologique. Une fois au pouvoir, il a renoncé à son référentiel religieux, à la moralisation, l’identité, l’arabisation, la justice sociale… qui sont ses chevaux de bataille. Il est devenu un parti normalisé
», explique Driss El Ganbouri.
«Cette élection ferme la parenthèse islamiste. Les attentes demeurent les mêmes qu’en 2011. Le RNI et le PAM, et les partis traditionnels qui signent leur retour, auront fort à faire en matière économique et sociale
» conclut le politologue.