Les réformes paramétriques proposées pour les régimes de retraite sont « insuffisantes » malgré leur caractère « nécessaire et urgent », a prévenu, mercredi 4 mai à Rabat, le Premier président de la Cour des comptes, Driss Jettou.
M. Jettou, qui présentait devant les deux chambres du Parlement les activités de la Cour des comptes au titre de l’année 2014, a précisé que les réformes ne peuvent constituer qu’une étape préliminaire dans le cadre d’une réforme globale des systèmes de retraite, notant que ces réformes, déclinées dans les projets de loi adoptés par le gouvernement et soumis au parlement, demeurent insuffisantes en dépit de leur nécessité.
Dans ce cadre, il a relevé que l’insuffisance de ces réformes s’explique par le fait que cette réforme paramétrique proposée n’englobe pas l’ensemble des régimes de retraites, mais elle se limite au volet civil de la Caisse marocaine de retraite (CMR), ne contribuant ainsi pas à favoriser un rapprochement entre
L’aggravation du déficit des régimes de retraite est due essentiellement à la régression du facteur démographique à environ 2,5 pc seulement des adhérents actifs pour chaque retraité, en raison de la stagnation relative du nombre des adhérents actifs, qui n’a augmenté que de 15 pc seulement durant les 15 dernières années, ainsi qu’à l’augmentation enregistrée dans les salaires du secteur public. C’est le constat fait, ce mercredi 4 mai devant le Parlement par Driss Jeetou Premier président de la Cour des comptes.
Selon lui, les réformes proposées pour les régimes de retraites n’ont pas traité les dispositions relatives à la retraite anticipée, qui permettent à chaque fonctionnaire ou auxiliaire ayant passé 30 ans de service effectif le droit d’obtenir une pension de retraite sans condition. Et de préciser que le taux annuel des retraites anticipées qui ne dépassait pas 1.250 cas durant les neuf dernières années, a brusquement augmenté à plus de 7.500 cas en 2015, dont 85 pc relèvent du secteur de l’enseignement.
Driss Jettou estime qu’il aurait été plus judicieux de mettre une règle contraignante pour ne pas procéder à l’apurement des pensions qu’après l’âge légal de retraite comme c’est le cas de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) ou d’adopter une réduction adéquate pour préserver la neutralité de l’opération pour le système.
Le rapport de Driss Jettou fait par ailleurs ressortir un déficit de 936 millions de dh en 2014, de 2,8 milliards en 2015, et de 6,8 milliards en 2016, soit 10,6 milliards durant les trois dernières années.
Ce déficit de 6,8 milliards en 2016 devrait baisser à 3,2 milliards en 2017 et atteindra 4,1 milliards en 2020. Cette tendance à la hausse se poursuivra jusqu’ à épuisement des réserves à l’horizon 2028, a-t-il prévenu.