«Madrid se prépare à suivre l’exemple des États-Unis et à reconnaître le Sahara comme faisant partie du Maroc marocain», prophétise le journaliste espagnol Ilya U. Topper dans un billet de blog publié sur le site El Confidential.
L’Espagne a opéré le 18 mars un changement de position radical sur le dossier du Sahara en soutenant pour la première fois publiquement la position de Rabat, mettant fin à une brouille diplomatique majeure entre les deux pays et mécontentant une Algérie dépassée par les événements. Selon le journaliste Ilya U. Topper, qui analyse les enjeyx actuels au Sahara, «le gouvernement algérien détourne chaque année quelque 1,3 milliard de dollars de son budget pour les consacrer au Front Polisario afin d’assurer la viabilité de la soi-disant RASD». Il ajoute : «la reconnaissance américaine «n’était pas un caprice de Trump : c’est la politique de Washington.»
«L’Europe a besoin d’une Afrique, ou du moins de la moitié nord de l’Afrique, stable et apaisée, en plein développement économique et où les biens européens coulent», ajoute M. Topper. «Pour atteindre cette Afrique, le plan du roi Mohammed VI, n’est peut-être pas si improbable : un gazoduc du Nigeria à Cadix, passant le long de toute la côte africaine, reliant douze pays. Le premier tronçon, long de 600 kilomètres, est déjà construit, à travers le Bénin et le Togo jusqu’au Ghana. Encore 5 000 kilomètres à parcourir. Certes, il coûterait deux fois plus cher que le gazoduc transsaharien – on parle de 25 milliards de dollars contre 13 milliards – mais il devrait avoir un effet secondaire important : l’approvisionnement énergétique et le développement économique de tous les pays à travers qu’il passe», rappelle le journaliste.
Pour lui, «la route vers cette future Afrique passe par le Maroc. Plus précisément, elle passe par Guerguerat. En pratique, entre le Maroc et la Mauritanie. C’est la seule artère de circulation routière qui relie Tanger au reste du continent (…) Si l’Europe veut ouvrir une fenêtre sur l’Afrique, et elle tarde à le faire, elle doit résoudre ce conflit (…) Elle ne peut plus maintenir le statu quo dans l’espoir que le problème disparaîtra de lui-même», a-t-il expliqué.
«De Paris à Berlin en passant par Madrid, il a été dit que le plus efficace était de suivre les traces des États-Unis et de réintégrer le Maroc dans une alliance solide, incluant son Sahara», a-t-il pointé. «Devant le choix entre les deux frères ennemis, l’Europe a déjà tranché : le Maroc est la porte de l’Afrique, l’Algérie n’est qu’un fournisseur de gaz. Et le gaz n’est pas en danger; l’Algérie ne le coupera pas, parce que c’est de cela qu’il vit. Neuf dinars sur dix qui entrent dans le pays proviennent des hydrocarbures», a-t-il conclu.