Dans son numéro de mai, la revue de l’ANP, El-Djeïch, avait (à son insu) rendu hommage à des casques bleus marocains de la Mission des Nations unies en Centrafrique – la Minusca –, une halte rafraîchissante pour le Maroc qui subit depuis des mois l’acharnement de cette publication sans boussole.
Dans son numéro de mai, la revue de l’ANP, El-Djeïch, a tenté de promouvoir une réforme controversée de la Constitution voulue par le président Abdelmadjid Tebboune qui ouvre la voie à un possible déploiement de l’armée algérienne à l’étranger, en illustrant cela par une photo de casques bleus marocains de la Mission des Nations unies en Centrafrique. L’Algérie, qui se projetait depuis des décennies dans le rôle de l’arbitre (souvent mauvais) placé au-dessus de la mêlée ; ne se conçoit plus comme un acteur impartial dont la seule ambition est la paix et la stabilité. Elle souhaite désormais s’engager militairement dans les zones chaudes.
Ceux qui craignaient un changement de doctrine militaire en Algérie, qui écartait historiquement toute intervention hors de ses frontières, craindront aussi sur le sort du maquettiste de la revue, ce dernier n’ayant trouvé qu’une photo d’une opération de patrouille de soldats marocains à Bangassou (Centrafrique, sud-est) prise, le 3 février 2021, par le photographe de l’AFP Alexis Huguet pour la mettre dans le dossier consacré aux engagements extérieurs militaires de l’Algérie.
L’Algérie pourra «dans le cadre des Nations unies, de l’Union africaine (UA) et de la Ligue arabe, et dans le plein respect de leurs principes et objectifs, participer à des opérations de restauration et de maintien de la paix», précise l’amendement constitutionnel qui donne le droit au président (mal élu) –chef suprême des forces armées et ministre de la Défense– d’engager des troupes hors du pays, avec l’aval des deux tiers du Parlement.
Une partie de la société civile en Algérie, hostile à cet amendement, craint des conséquences à longs termes sur la souveraineté du pays et sur ses affaires internes. C’en est fini, donc, de la fiction anti-impérialiste inspire une partie de l’opinion publique algérienne. Mais les voix qui redoutent de voir l’Algérie devenir la «supplétive» d’armées occidentales s’expriment encore, même à mots couverts.