El Habib Eddaqqaq, membre du bureau politique de l’Union constitutionnelle, avocat et ex-doyen de la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de Rabat-Agdal est candidat aux législatives et aux communales 2021. Pour lui, l’UC ne s’est jamais écarté de ses principes de libéralisme social et se retrouve complètement dans le NMD. C’est, d’ailleurs ce qui a contribué à « la renaissance » du parti qui se traduira à l’en croire, par le résultat des urnes.
Qu’est-ce qui caractérise le nouveau programme de l’UC ?
L’UC a, depuis sa création en 1983, un programme basé sur 4 axes : le libéralisme social, la régionalisation, les droits de l’Homme, et la jeunesse de l’après-indépendance.
Par rapport à l’ancien programme, nous sommes est restés fidèles aux principes du parti et nous l’avons adapté aux circonstances. Nous avons pris en comptes des paramètres conjoncturels : la pandémie et ses répercussions, ainsi que les attentes qu’elle a créées chez les citoyens marocains. C’est pour cela que le programme comporte un volet sur le social, un volet sur le financement, un volet sur la présence de l’Etat social. Ce sont des conditions imposées par la pandémie depuis 2020.
Le programme prend en considération les exigences permanentes du citoyens. Notre programme s’intitule “le Maroc que nous voulons”. Cela réfère à un Maroc qui répond aux besoins de la société actuelle et future. Une telle entreprise passe par l’Etat social, l’Etat providence qui réalise la justice sociale, fiscale et régionale et qui garantit la couverture sociale et sanitaire. La pandémie a montré que l’État social avec toutes ses composantes politiques, civiles, institutionnelles, sécuritaires et régionales est nécessaire. On a vu des gens faire la file devant des guichets bancaires dans les montagnes pour recevoir leurs indemnités étatiques contre les pertes que la pandémie leur a infligés, c’est inédit. Ça a prouvé l’importance de l’État providence.
Il y a aussi dans notre programme, la valorisation du capital humain, par l’encadrement, la couverture sociale, la mise à niveau dans tous les secteurs, notamment un enseignement de qualité et un bon système de santé. En rencontrant des professionnels du domaine, nous avons remarqué qu’il y a des lois et un cadre juridique qui ne sont pas mises en œuvre sur le terrain. Nous avons besoin d’application.
La question des MRE est au cœur de nos préoccupations également. Ils sont patriotes et constituent une grande source de financement au Maroc. Ils font du lobbying sur le plan international et se sont beaucoup mobilisés pour le Maroc pendant la pandémie. Il faut par ailleurs les encourager à investir au Maroc et à s’y épanouir. Il faut aussi leur donner le droit de vote au même titre que les Marocains d’ici.
L’UC se projette-elle dans l’opposition ou dans le futur gouvernement ?
Comme disait SM Hassan II, la politique se fait par saisons. Parfois c’est la sécheresse et parfois c’est une bonne récolte. Nous avons fait partie du gouvernement depuis les années 80 avant de rejoindre l’opposition pendant 20 années. Nous avons joué notre rôle dans l’opposition puis nous avons rejoint la coalition gouvernementale encore une fois.
Concernant la formation des groupes de coalition, nous menons ce travail sur les niveaux régional, législatif et communal, avec les partis qui partagent la même vision que nous sur ces plans. Nous avons deux lignes rouges qui nous gardent de nous allier à certains partis : ce qui touche à l’intérêt suprême de la Nation, et ce qui touche aux intérêts du parti et son positionnement, notamment dans sa relation avec les citoyens. Nous n’avons jamais changé de veste à cause de notre situation politique ou électorale. Nous sommes toujours restés fidèles à nos principes.
Nous ne pouvons pas deviner à l’heure actuelle si nous serons dans l’opposition. Mais être dans l’opposition ne nous pose pas problème.
Ne dissociez-vous pas la femme et l’homme dans “l’élément humain” mentionné dans le programme ?
Si. Pour la femme, il s’agit d’inclusion.
Nous avons des listes électorales qui comportent des profils féminins de grande facture.
La défense de la femme ne doit pas être conduite que par les femmes. Mais par les hommes également. Toutes les composantes de la société doivent être solidaires pour défendre ses droits et son inclusion.
La femme, les jeunes et les MRE sont des catégories importantes pour l’UC.
Que proposez-vous pour en faire des éléments actifs et égaux dans la société ?
Dans le cadre des politiques publiques, nous avons commencé dès 1994-1995, alors que j’étais le conseiller de Mohamed Kabbaj, ex-ministre des Finances, la parution du “Fascicule de la présence genre”. Ce sont quelque 50 pages qui traitent de la place de la femme dans les politiques publiques et du rôle qu’elle mérite. Ce fascicule initié par l’UC dans les années 90 fait état de la situation de la femme dans tous les secteurs : au niveau des salaires, des responsabilités, dans le monde de la justice… Ces données sont d’ailleurs toujours présentes dans les documents du MEFRA (Ministre de l’Economie, des Finances et de la Réforme de l’Administration).
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Nous avons, en outre, été de fervents défenseurs de la Moudawana de 2004.
Dans les collectivités territoriales également, il y a des règles qui garantissent la parité et l’égalité. Au sein du gouvernement aussi, la commission chargée de la parité présidée par Khadija Ziani, députée UC. Nous cherchons continuellement à améliorer la situation de la femme.
La situation de la femme est un axe primordial au sein du parti et au niveau du groupe parlementaire, que nous soyons seuls ou en coalition.
Les femmes bénéficient d’ailleurs d’un quota du ⅓ sur les listes régionales.
Dans les politiques publiques et dans la législation, nous avons défendu avec ferveur cette orientation.
Vous êtes vous-mêmes candidat aux communales et législatives. Comment se présente le terrain électoral ?
Concernant les législatives, je me présente pour la circonscription Rabat-Chellah qui comprends des arrondissements très différents les uns des autres et une population diversifiée Souissi, Hay Nahda, Youssoufia, Jbel Raissi.. l’ancienne médina et Hassan.
Aux communales, je suis candidat à l’arrondissement Agdal-Riad, qui se caractérise par une classe moyenne, intellectuelle et homogène.
Le contact avec les électeurs est diversifié, bien que difficile car la campagne se déroule sur fond de pandémie et de restrictions, qui demande des moyens alternatifs.
Concernant les élections 2021, nous avons des profils qui connaissent nos principes, qui ont l’expérience de l’exercice social. Je peux dire que l’Union constitutionnelle est bien présente sur le terrain et vit même une renaissance. Nous avons présenté des candidats qui proviennent des circonscriptions concernées. Sur le terrain, la proximité avec les habitants ciblés joue en notre faveur.
Avez-vous coopté des profils qui n’étaient pas traditionnellement de l’UC ?
Nous avons essentiellement accueilli des gens sans appartenance politiques. Et d’autres issus de formations politiques diverses. La préparation des élections a poussé les gens à quitter leurs partis et à venir en grand nombre.
Beaucoup sont prêts à défendre nos principes de libéralisme social, qui est à l’opposé du capitalisme sauvage.
Quelles prévisions du parti pour l’issue des élections ?
Nous ne nous fions pas aux pronostics. Mais nous avons la conviction de relever les défis et d’être parmi les premiers. Dans le gouvernement actuel, nous occupons la 6ème place. Aujourd’hui notre ambition est de changer de place.
Si les électeurs se déplacent en bon nombre le 8 septembre, le résultat des urnes traduira notre travail sur terrain.
Qu’en est-il de la cartographie actuelle ?
Il y a toujours des circonstances qui nous rapprochent ou nous éloignent de certains partis. A l’annonce des élections, on se positionne d’abord de manière isolée, parce qu’il faut se préparer.
Certes des rapprochements ont commencé d’abord au niveau des chambres professionnelles, par affinités partisanes ou selon les rapports de forces qui révèlent des coalitions inattendues.
Pour les législatives et communales, nous avons fait campagne seuls, parce qu’il est très compliqué de former et de déclarer des coalitions au niveau du ministère de l’Intérieur en prévision des élections. Ce n’est aussi dans l’intérêt de personne.
On a vu beaucoup de partis qui étaient autrefois fédérés et qui sont aujourd’hui dispersés. C’est la nature de la politique.
Question : aurons-nous les mêmes alliances qu’en 2016 ou 2011?
Nous n’espérons pas que l’histoire se répète. Tout le monde est bien conscient des dégâts qu’engendrerait un bis repetita des anciennes coalitions. Je suis sûr que nous aurons des coalitions différentes même de 2011.Des coalitions sur les mêmes principes économiques, politiques, sociaux, sont souhaitables.
Certes, les idées, les programmes des partis se rapprochent et il est ardu de les distinguer. Les libéraux sont sociaux et vice versa.
Seul PJD n’est pas social.
Vous vous attendez à un bon score du PJD ?
Jamais de la vie. Chacun récolte les fruits de son travail. Ce parti a-t-il honoré ses engagements ? A-t-il gardé de bonnes relations avec les citoyens ?
Quant à sa base électorale, je dirais qu’elle n’est plus mobilisée comme en 2011 et 2016. Le citoyen marocain n’oublie jamais quand un parti ne tient pas parole