Selon El País, les autorités marocaines ont adopté des mesures de grande ampleur destinées à protéger les individus et les entreprises des conséquences de l’arrêt brutal de l’activité à la suite de la crise sanitaire. Les frontières ont été fermées et les échanges se sont effondrés. Mais Rabat a pris des décisions de soutien inédites pour atténuer le choc, subventionnant une large partie des entreprises et des couches vulnérables. Les filets de protection sociale et financière ont été renforcés à une vitesse record et la reprise économique se précise, malgré les défis à venir.
Le Maroc s’est habitué à exécuter des projets sans pareil au Maghreb. «En 2007, il a ouvert le port de Tanger Med et brisé le monopole d’Algésiras dans la traversée du détroit. Cette même année, le consortium Renault-Nissan installe une méga-usine dans la zone franche du port qui génère 6 000 emplois directs et 30 000 emplois indirects supplémentaires; en 2016, la méga-centrale solaire thermique Noor a commencé à fonctionner dans le désert; en 2018 le premier train à grande vitesse d’Afrique du Nord, le plus rapide du continent, construit par le groupe français Alstom; En 2019, il a agrandi le port nord avec le terminal Tanger Med II. Et l’année suivante, le port dépassait déjà Algésiras en trafic de conteneurs. Désormais, les grands projets engagés sont la construction d’un port dans la ville sahraouie de Dakhla et d’un autre à Nador» détaille El País dans un article retraçant une réussite marocaine que nul ne peut démentir.
Le Maroc a pu mieux appréhender le champ des évolutions possibles et d’affûter les instruments de l’action publique dans un contexte sanitaire hasardeux. Les pouvoirs publics ont pu offrir aux citoyens et aux entreprises les filets de protection qui ont pu leur permettre de survivre, et annoncé des mesures pour soutenir sur longue période, l’activité, l’emploi et les salaires dans le secteur privé.
Le Maroc aime se mesurer à l’Europe, dit le journal espagnol, et c’est légitime. «L’Organisation mondiale de la santé a félicité Rabat en mars pour être parmi les dix premiers pays à vacciner rapidement contre la Covid-19». Le Maroc a injecté plus de 90% des doses totales livrées à l’Afrique, selon les autorités sanitaires. «Une autre raison d’alimenter la fierté nationale.»
Le Maroc jauge les intentions allemandes au sujet du Sahara
«Le Maroc sait que l’UE est son principal partenaire, l’entité d’où proviennent 53,1 % de ses importations et où il destine 66,7 % de tout ce qu’il exporte. Et au sein de l’UE, l’Espagne se démarque, surpassant la France il y a plus de cinq ans en tant que premier fournisseur de biens et de services. Dans le même temps, l’Espagne a été le premier pays vers lequel le Maroc oriente ses exportations (24,61 % du total), suivie de la France. Mais Rabat sait aussi tout ce dont l’Union européenne – et en particulier l’Espagne et la France – a besoin pour lutter contre l’émigration irrégulière et le terrorisme islamiste» note El País.
«Le jour même où Trump a annoncé sa distinction historique, le Maroc a suspendu jusqu’à nouvel ordre le sommet bilatéral ou réunion de haut niveau (RAN) qu’il prévoyait de tenir avec l’Espagne à Rabat en mars 2021. Peu de temps après, en avril, les services secrets marocains ont pris de court l’Espagne et de l’Algérie, lorsqu’ils ont découvert et divulgué que le secrétaire général du Front Polisario, Brahim Gali, avait été admis dans un hôpital de Logroño avec une fausse identité. Les responsables des affaires étrangères ont demandé des explications à l’Espagne» rappelle la même source.
«Certains économistes espagnols familiers avec le pays disent souvent que le Maroc et l’Espagne se complètent. Ils affirment que la pandémie a démontré que les chaînes de valeur mondiales courtes sont plus sûres que les chaînes de longue distance. Ils expliquent que Tanger Med ne réduit pas le trafic vers Algésiras, mais l’enrichit, et que les entreprises espagnoles qui exportent des composants pour les voitures Renault fabriquées à Tanger bénéficient également des ventes réalisées» précise El País.
La Banque mondiale a publié son rapport Doing business 2020 en 2019 dans lequel elle évalue l’environnement des affaires dans 190 pays. Le Maroc est classé 53e, surpassé seulement en Afrique par les Iles Maurice (13e) et le Rwanda (38e). Et parmi les pays arabes, seuls les Émirats arabes unis et Bahreïn le surclassent.
Le cardinal et archevêque de Rabat, l’Espagnol Cristóbal López Romero, fait l’éloge du roi Mohammed VI : «Pour moi, il était admirable que dès le début de la crise, le roi ait ouvert un fonds pour la Covid-19. Il a été le premier à mettre 200 millions d’euros. Et après lui, d’autres l’ont imité»
Solidarité, résilience, et augmentation des transferts financiers des expatriés
Le Maroc a jusqu’à présent réussi à traverser l’épreuve de la pandémie avec succès. Pour faire face à la crise, l’État s’est appuyé sur des aides de l’Union européenne, estimées à 450 millions d’euros pour répondre aux besoins immédiats. «Il a également eu recours à un prêt de 3 milliards de dollars (2,471 millions d’euros) offert par le Fonds monétaire international et à d’autres prêts de banques internationales d’une valeur de 677 millions d’euros. Il a également été financé sur le marché extérieur par deux émissions de dette pour un montant de près de 3 500 millions d’euros. Tout cela a permis à l’État de maintenir ses réserves de change, mais sa dette publique mondiale a grimpé en 2020 à 92% du PIB, soit près de 12 points de pourcentage de plus que l’année précédente» détaille la même source.
Les Marocains résidant à l’étranger (MRE), migrants de longue date, sont également venus à la rescousse de l’économie nationale, peut-être sans le savoir, en envoyant à leurs familles 5% d’argent de plus qu’avant la pandémie, soit 6% de leur PIB en devises.
Malgré le système de santé marocain caractérisé par une faible capacité d’adaptation face aux épidémies, ainsi que les limites des dispositifs de réponse face aux menaces sanitaires de grande ampleur et transfrontalières, le Maroc a su affronter la crise de la Covid-19. Le Maroc veut désormais renforcer l’intégration régionale et sous régionale dans le domaine de la santé, de développer les mesures de protection de la population et du personnel soignant, à l’intérieur des pays et aux points d’entrée des frontières, et d’élargir l’accès aux soins et aux services.
Pour cela, les autorités veulent remédier à la pénurie des ressources humaines et matérielles de base pour mettre en œuvre des soins et des services aux normes. La couverture sociale est le prochain grand chantier à mener. La priorité sera donnée à la lutte contre les inégalités au sein des politiques économiques et sociales, pour favoriser la réduction du chômage apparent, la compétitivité globale de l’économie, la protection sociale, la réforme fiscale, et la réhabilitation et la transparence d’ensemble des mécanismes de solidarité collective.