Des ouvriers qui s’activent, et des grues qui s’élèvent, jour et nuit, sur l’allée maritime de Tanger. Quiconque qui s’absente un mois de la ville, découvre à son retour un nouveau bâtiment, un parking, un hôtel, des résidences, de nouveaux rails du TVG. C’est comme si Tanger se prépare à pas forcés pour une exposition universelle, mais il n’y en a aucune en vue, ni jeux olympiques, rien qui puisse paraitre. Il y a seulement l’effort du roi Mohammed VI de transformer cette ville en un joyau du nord, en premier port de la Méditerranée, devant celui d’Algésiras, et en la deuxième puissance économique du pays après Casablanca.
C’est le constat que fait samedi le quotidien espagnol El Pais sous la tire « le roi Mohammed VI conquiert Tanger à coups d’investissements ».
Selon le journal, en dépit de la présence d’enfants dans la rue, des mendiants et la délinquance, l’éclosion économique en met plein les yeux. Il rappelle à cet égard le TVG qui reliera Tanger à Rabat et Casablanca, Tanger Med inauguré en 2007 et qui connait des travaux d’élargissement, ainsi que les dizaines de kilomètres d’autoroute, des dizaines de milliers de logements économiques.
En à peine une décennie, la ville marginalisée durant le règne de Hassan II (1961-1999) Tanger a vu sa population passer du simple au double.
« Tanger est sortie de l’obscurité grâce à Mohammed VI », explique Amal Boussouf, directrice de la Chambre espagnole de commerce de Tanger qui rappelle qu’après le projet Tanger Med, le roi Mohammed VI a réussi à attirer Renault en 2008 qui a créé 7.000 emplois directs. Ensuite c’est au tour du groupe PSA Peugeot-Citroën de s’implanter dans cette ville attirant des centaines de milliers de migrants de l’intérieur d’où la décision du Gouvernement de construire des logements sociaux.
Selon Amal Boussouf, ce qui reste à présent, c’est changer de mentalités. « Des fois, les gens du nord espèrent que le roi dise ‘je vais effectuer un contrôle dans 15 jours’ pour qu’on se mettre au travail ».
El Pais fait état également de voix discordantes. Il cite le représentant de l’AMDH (Association marocaine des droits de l’homme) l’avocat Rifai Abdelmorisum, selon lequel, le nord du pays a, bel et bien, bénéficié de l’arrivée de Mohammed VI, mais il reste beaucoup à faire en matière des droits de l’homme. « Il y a des gens qui ne voient que le développement économique, alors qu’il y en a d’autres qui estiment que l’Etat a durci la répression contre les associations comme la nôtre ou Amnesty International », affirme-il.
Pour sa part, l’architecte tangéroise Firdaous Oussidhoum pense que la population est consciente des efforts faits par le roi pour démocratiser le pays. « Mais c’est un processus qui requiert du temps et de l’éducation. Et grâce au fait que le roi ait écouté et compris les nécessités du pays, nous n’avons pas vécu ce que d’autres ont vécu à la suite du printemps arabe », a-t-elle souligné.
Entre les critiques des uns, et l’illusion des autres, les grues continuent de s’élever vers le ciel, jour et nuit, dans la ville du Détroit réduisant l’écart qui sépare le nord du sud, conclut El Pais.