Les élections communales régionales et législatives approchent et la majorité des partis semblent attendre pour diffuser leurs programme, de les ajuster au nouveau modèle de développement (NMD)
Un seul parti, le RNI, a communiqué son programme via les canaux classiques et l’a publié sur son site, sous forme de pop-up intitulé « 5 engagements 25 mesures ». Force est de cliquer dessus avant d’accéder à la plateforme. Détaillé sans longueurs, chiffré, l’argument de la faisabilité mis en avant étant l’exercice ministériel sous plusieurs législatures dans différents départements
Un cout additionnel au programme rniste de 270 milliards de dirhams sur cinq ans est annoncé, soit une moyenne de 54 milliards de dirhams par an. Le texte rassure : pas d’augmentation de l’impôt sur le revenu ni de la TVA ni de l’IS pour financer ce coût. Le hic ( ou un raccourci ?) demeure : la provenance de cet argent reste vague et table sur la croissance et la réallocation de certaines dépenses budgétaires et la solidarité populaire volontaire. Lesquelles ? à quelle hauteur ? connaissant la petite marge de manœuvre à chaque projet de loi de Finances, au vu des engagements du Maroc dans les délais de mise en œuvre de certaines réformes liées à des politiques publiques et dans le remboursement de sa dette extérieure, le programme ne le dit pas.
Dans le programme, un accent louable est mis sur l’appui à l’amazighité et à la langue amazigh que la plateforme, disponible uniquement en français et en arabe, ne met pas en évidence.
Le tour de la toile montre que la plupart des sites sont disponibles dans les deux langues sauf celui du PAM, disponible en anglais aussi. Ceux de l’UC et du PJD, pour leur part, existent en arabe uniquement.
Quant à la structure des interfaces, la plupart restent classiques, non intuitives. Notamment celles des partis dit « historiques » qui figent leur histoire passée en pole position. Suivent ensuite, les communications des chefs de parti mis en avant visuellement comme l’étaient les zaims à l’époque ante-1990. Les activités partisanes par bureau, région ou autres membres restent reléguées en bas de page.
A côté de cette forme de nomenklatura digitale, les sites du PJD et plus particulièrement du PAM retiennent l’attention par leur composition. Un vrai journal électronique est en place avec l’actualité telle que la traiterait une agence de presse presque en continu.. aux côtés des rubriques proprement partisanes du parti.
Il n’est donc pas surprenant de comprendre la répartition par tranche d’âge sur les listes électorales. Pour 15 746 600 inscrits (chiffres arrêtés au 31 mars 2021), 3% sont âgés de18 à 24 ans, 19% de 25 à 34, ans, 22% de 35 à 44 ans, 21% de 45 à 54 ans, 9% de 55 à 59 ans et 26% de plus de 60 ans. 55% des inscrits habitent en mileu citadin et donc 45%, en milieu rural. La répartition d’inscrits par genre sur les listes électorales est tout aussi significative : 46% de femmes contre 54% d’hommes, pour une population où les femmes sont légèrement plus nombreuses que les hommes. Au-delà des facteurs classiques liés à la représentativité des femmes dans les instances des partis , la faible communication sur les plateformes relative aux questions de genre, de parité, de causes égalitaires contribue probablement à expliquer ce pourcentage.
La génération Z et les milléniaux sont nés à l’ère d’internet et de l’informatique. C’est essentiellement sur cet outil avec tout ce qu’il englobe comme sites et réseaux sociaux, qu’ils s’informent et nourrissent leurs idées, prennent des cours et même travaillent. Une tendance que le Covid-19 a généralisé aux autres tranches d’âge.
Cependant, nul n’est à l’abri de surprises tant au niveau des programmes attendus que de l’aptitude à l’adaptation à l’ère du temps des partis politiques et de leurs futurs candidats.