Après la course des candidats des différents partis politiques pour le scrutin communal régional du 4 septembre dernier, c’est au tour de ceux qui ont réussi à se faire élire de convoiter les sièges des conseils communaux et régionaux, avec pour certains le maroquin de la présidence.
Alors que les citoyens électeurs ont dit leur préférence pour tel ou tel candidat, les voilà en train d’assister à une querelle intestine entre deux principaux partis politiques qui constituent l’ossature de la coalition gouvernementale.
On savait celle-ci très fragile, car contre-nature, quoiqu’en disent ceux qui la composent, mais ce qui se passe dans certaines villes en particulier à Tétouan, prouve si besoin est que l’implosion est à l’horizon.
Ces tiraillements entre le Parti de la justice et du développement (PJD) et le Rassemblement national des indépendants (RNI), qui se livrent à une guerre de communiqués, ont de quoi susciter des inquiétudes de l’électorat et des citoyens en général. La ville de la Colombe blanche se voit ainsi propulsée sous les projecteurs, au risque même d’occulter ce qui se passe ailleurs en matière de coalitions.
Ceci s’explique par les candidats en lice, en particulier la grosse pointure que représente Talbi Talbi Alami, du RNI, par ailleurs président de la Chambre des représentants et le président sortant du PJD, Mohamed Idaamar.
Alors que les médias, et surtout les réseaux sociaux, s’en donnent à cœur joie en rivalisant de « scoops »,d’analyses, de commentaires voire même de pronostics chaque fois faussés, les deux formations politiques en question, elles, préfèrent échanger des critiques et mêmes des accusations par la voie de communiqués, et le recours à facebook.
C’est le cas du RNI qui a pondu un énième communiqué, jeudi soir, dans lequel son bureau politique exprime son étonnement quant au « chantage indirect » dont le parti est victime à travers des campagnes médiatiques orientées et fallacieuses (…).
Le RNI qui ne semble guère lâcher prise, soutient, bec et ongle, son candidat, M. Rachid Talbi Alami à la présidence de la commune de Tétouan. Pourtant ce dernier, s’était auparavant éclipsé un moment avant de débarquer, sans crier gare, pour déposer sa candidature au dernier moment, prenant au dépourvu une coalition formée, mercredi dernier, par le PJD, le PAM et le PI, au grand dam de la majorité gouvernementale. celle-ci ne cesse, pourtant, de crier sa préférence pour une coalition en son sein.
Cette candidature expresse de M. Talbi Alami constitue de fait un problème pour ladite majorité, quoiqu’en pense Mustapha El Khalfi du PJD, par ailleurs ministre de la communication et porte-parole du gouvernement. Sur sa page facebook, M. El Khalfi accouche d’une longue analyse sous le titre évocateur : « Le PJD constitue une solution et non un problème ».
Certes son commentaire ne portait pas sur les coalitions, mais plutôt une réaction à une analyse de l’universitaire Mohamed Madani dans le Monde du 6 septembre dernier, et le lendemain dans Akhbar El Youm, et dans laquelle il affirmait que le PJD représente un problème sérieux pour la monarchie. Ce que M. El Khalfi, bien évidemment, balaye d’un revers de la main.
Mais ce qui attire l’attention dans ce commentaire, c’est le passage dans lequel il tient à critiquer l’auteur de l’analyse qui soutient qu’au vu des résultats des élections, le Maroc se dirigerait vers un système bipolaire dont le PJD et le PAM seraient les acteurs principaux, ce que M. el Khalfi estime relever de l’ « imaginaire » de l’auteur.
Pourtant, en privilégiant une coalition à Tétouan avec ses deux ennemis jurés, le PAM et l’Istiqlal depuis qu’il a claqué la porte au gouvernement, au lieu du RNI, la lampe du parti de la lampe a jeté l’ombre sur sa majorité gouvernementale, ce qui s’est traduit jusqu’à présent en un véritable problème, certes pas pour la monarchie, mais pour l’un de ses partenaires les plus importants, le RNI et partant, pour la coalition gouvernementale.
La Colombe Blanche devient ainsi, malgré elle, la pomme de la discorde.