Abderrahim Haddad
La gauche marocaine dans ses différentes sensibilités a obtenu, à l’occasion du scrutin du 4 septembre, des résultats globalement décevants, confirmant un déclin au fil des consultations des dernières années.
Que ce soit au niveau du parti, qui en constitue l’expression qui a impacté le plus la scène politique nationale, l’Union Socialiste des Forces Populaires (USFP), ou des autres sensibilités -pour la plupart issues de ses rangs-, les résultats obtenus lors de ce scrutin, marquent une perte de vitesse en raison de la conjonction de plusieurs facteurs.
L’expérience du gouvernement d’alternance et la façon dont elle a été perçue par l’opinion publique, avec tous les soubresauts auxquels elle a donné au sein des dirigeants usfpéistes, est pour beaucoup dans la rétrogradation de la gauche marocaine, à l’exception toutefois, du Parti du progrès et du socialisme ( PPS).
L ’USFP, minée par les dissensions internes, était, en effet, moins bien préparée aux échéances du 4 sept. Rétrogradant à la sixième place avec 2656 sièges aux communales (8,43 pc des sièges), elle a en outre perdu certaines de ses places fortes comme Rabat et Agadir.
Les autres composantes de la gauche ont littéralement été laminées lors de ces échéances, payant ainsi l’incapacité de toute la gauche marocaine à constituer un front uni face à ses adversaires.
L’Alliance des Partis de la Fédération de la Gauche Démocratique(AFPGD) n’est arrivée que 9ème avec seulement 333 sièges, suivie du Front des Forces Démocratiques qui s’est adjugé 193 sièges, (bien loin derrière l’Union constitutionnelle- 1.489 sièges).
Tous les autres partis se réclamant de la gauche ont dû se contenter de partager 12 sièges avec des élus indépendants.
Seul le PPS a su tirer, un tant soit peu, son épingle du jeu en se hissant à la 7ème place, avec 1766 siège (5,61 pc ). Bien que sa progression ait été jugée en deçà de ce qu’espérait sa direction, il est évident que le parti a surfé sur son appartenance à la majorité gouvernementale et capitaliser au mieux son expérience au sein des différents gouvernements qui se sont succédés depuis celui de l’alternance.
Ce recul de la gauche est, pour une grande part, attribué aux querelles de leadership, surtout au sein de l’USFP, et à l’absence de vision pour dégager un véritable projet de la gauche, loin du discours focalisé sur les thèmes qui lui ont aliéné de larges franges de ses sympathisants.
Ces partis ont, en quelque sorte, négligé le point de force de la gauche, celui de décliner les mesures et plans d’action visant à concrétiser les véritables idéaux progressistes, à travers les chantiers de l’éducation, la culture, la lutte contre les disparités sociales et l’amélioration de la situation des couches défavorisées.
Ce recul se profilait déjà lors des élections des chambres professionnelles où l’USFP a enregistre une reculade par rapport aux élections de 2009, n’arrivant que 7ème avec 163 sièges (7,48 pc des sièges) contre 237 auparavant , talonné par le PPS qui a pris 108 sièges (4,96 pc) contre 59 sièges pendant les élections de 2009.
Le Front des Forces Démocratiques (FFD) arrive bien derrière avec 15 sièges (0,69 pc), suivi du Congrès National Ittihadi qui n’a glané que 4 sièges (0,18 pc), alors que le Parti Socialiste Unifié n’a obtenu que 3 sièges (0,14 pc).
Le même scénario a marqué les élections régionales, première consultation du genre au Maroc organisée au suffrage direct. La domination des partis PJD, PAM et Istiqlal, n’a laissé que des miettes à la gauche et aux autres formations. La mauvaise posture de l’USFP se confirme là aussi car n’ayant obtenu que le 6ème rang avec 48 sièges (7,09 pc), talonné par l’Union Constitutionnelle (27 sièges) et le PPS ( 8è) avec 23 sièges (3,39 pc) .
l’Alliance des partis de la Fédération des partis de la gauche démocratique n’a obtenu qu’un siège (0,15 pc).