Le scrutin communal et régional du vendredi 4 septembre vient, encore une fois, confirmer qu’en politique, rien n’est acquis et que les pronostiqueurs d’où qu’ils viennent, peuvent se planter.
Les résultats partiels communiqués, samedi matin, par le ministre de l’intérieur, Mohamed Hassad, donnant le Parti authenticité et modernité (PAM) en tête avec 6655 sièges (21,12 pc), suivi du Parti de l’Istiqlal avec 5106 sièges (16,22 pc) et du Parti Justice et Développement (PJD) avec 5021 sièges (15,94 pc), donnent déjà un avant-goût de ce que sera le paysage politique au Maroc, un paysage qui se métamorphose avec cette première consultation électorale depuis la nouvelle constitution de 2011.
Alors que certains prévoyaient un déclin du parti qui dirige la majorité gouvernementale, le PJD, et que d’autres s’attendaient à une percée du Rassemblement national des indépendants (RNI), au finish, c’est le tracteur qui a réussi à labourer le champ politique, récidivant ainsi après les élections des chambres professionnelles. Même si celles-ci ne représentaient pas un enjeu crucial, elles constituaient néanmoins, une sorte d’alerte pour les autres formations y compris le Parti de l’Istiqlal qui semble ainsi redorer son blason avec ce score plus qu’honorable et le PJD qui tient bon. Ce dernier, avec le bilan du gouvernement qu’il dirige, positif pour certains, catastrophique pour d’autres eu égard aux mesures « impopulaires » prises durant ces dernières années, se trouve quelque peu bousculé par cette avancée du PI.
Avec ces résultats définitifs, on imagine déjà le scenario des législatives de 2017.
Quant au RNI qui s’est comporté en gentleman durant la campagne électorale, comme n’a cessé de l’affirmer son président, Salaheddine Mezouar, évitant de recourir aux accusations, insultes et autres vindictes contre ses concurrents, son positionnement (4ème place) sur l’échiquier politique local avec 4408 sièges (13,99pc), est loin de constituer une percée comme il s’y attendait.
Cependant la grosse surprise vient du coté du Parti de l’Istiqlal qui même avec sa deuxième position, se voit un peu escamoté à cause surtout de la défaite de son secrétaire général, Hamid Chabat dans son fief électoral, Fès, considérée jusque là comme une forteresse. Hamid Chabat, ennemi juré du PJD et en particulier de son secrétaire général, Abdelilah Benkirane n’oubliera pas de sitôt cet échec cuisant surtout face au PJD dont la liste conduite par le ministre délégué au budget, Idriss El Yazami, a ratissé large. Ce coup de massue, va-t-il obliger M. Chabat à démissionner comme il s’y est engagé en cas de défaite de son parti pour lequel il prévoyait rien moins qu’une première place bien confortable.
Pour le reste des partis figurant dans le ‘’Top ten’’, il n’ya pas eu assez de surprise, sauf peut être le déclin de plus en plus confirmé de ce qui était jadis une des plus grandes formations politiques du pays, l’Union socialiste des forces populaires (USFP). Un parti qui poursuit lentement mais surement sa descente aux enfers.
Force est de constater que le bon score réalisé par le PAM et le PI, n’a pas empêché ces derniers de dénoncer les irrégularités qui, selon eux, ont entaché ce scrutin.
Le PAM qui s’efforce de ne pas « fêter » sa première place, demande l’ouverture d’urgence d’une enquête judiciaire sur « les irrégularités électorales » et la poursuite des auteurs, sans les citer, pour préserver la probité et transparence de ce double scrutin,
L’un des grands dirigeants de cette formation politique, Hakim Benchammas n’y est pas allé de main morte en parlant même d’ « assassinat de la démocratie », au Maroc.
Même son de cloche chez le parti de l’Istiqlal qui endosse au gouvernement la « responsabilité des incidences de ces dérives », et dénonce les violations ayant entaché le déroulement de l’opération de vote.
D’aucuns pensent que ces deux formations qui se distinguent, avec l’USFP, par leur opposition farouche au gouvernement et plus précisément au PJD, finiront par savourer leur « victoire » et partant, « oublier » vite pour passer à autre chose.
Qui a parlé de surenchère politique ?