par Abderrahim Haddad
Les urnes ont finalement livré leur verdict, après une bataille acharnée des partis politiques, ou en tout cas les plus représentatifs d’entre eux. Evidemment, ces résultats font des heureux, qui s’estiment récompensés de leur sérieux et de leur engagement, mais aussi des mécontents, soit par déception de n’avoir obtenu plus, soit parce qu’ils s’estiment victimes de procédés frauduleux qui auraient faussé le jeu.
En tout cas, les joutes électorales, par delà les considérations politiciennes et les visions partisanes étriquées, consacrent, à n’en pas douter, le cheminement serein du Maroc dans une dynamique électorale qui est tout à son honneur. Car, par delà les incidents dénoncés çà et là, par différents protagonistes et par delà les récriminations habituelles sur le recours à la fraude et à l’utilisation de l’argent sale par des barons et affairistes politiques de tous bords, l’opération a été menée à son bon port avec professionnalisme, sérénité et savoir-faire qui en disent long sur l’appropriation maitrisée par le Maroc de la pratique démocratique et sur la maturité d’une grande partie de l’élite et de l’électorat.
De fait, l’enjeu des ces élections est de taille, car se situant dans la dynamique de renouveau et de démocratie insufflée au processus politique, engagé sous l’égide du roi, à la faveur de la constitution de 2011, avec ses apports concernant notamment la régionalisation avancée et l’implication plus forte des citoyens et de la société civile dans la gestion de la chose publique, le tout adossé à la bonne gouvernance et à la corrélation entre l’exerce de la responsabilité et la reddition des comptes .
Au lendemain du scrutin, évidemment l’heure est à la ventilation des résultats et des enseignements à en tirer, mais aussi à l’auto-évaluation et aux remises en question, étant entendu que l’armature institutionnelle et judiciaire du pays offre toute latitude aux protagonistes politiques qui s’estiment lésés d’intenter les recours d’usage pour faire valoir leurs droits.
S’il est un indicateur, du cheminement du processus électoral au Maroc dans une trajectoire salutaire, en phase avec les attentes des citoyens marocains, c’est bien le taux de participation à l’échéance électorale qui s’est établi à près de 54 pc, en progrès par rapport aux dernières échéances. Cela renseigne, à l’évidence, sur la prise en compte de l’électoral des enjeux de ce scrutin en ce qui concerne l’agenda des communales, mais surtout en perspective d’ancrer la gestion démocratique des affaires publiques de la région, désormais érigée en entité à part entière qui impactera durablement le devenir du Royaume. Ce constat est d’autant plus vrai s’agissant des provinces du Sud dont les populations ont marqué de leur empreint ce scrutin, à travers notamment leur taux élevé de participation à cette échéance, globalement au dessus de la moyenne nationale.
Il s’agit désormais, pour les différentes protagonistes, une fois leurs contentieux électoraux réglés aux niveau des instances compétentes, d’enterrer la hache de guère et de s’investir corps et âme dans les ambitieux chantiers ouverts par la Constitution, afin d’ancrer définitivement le Maroc dans la démocratie et la modernité, d’autant plus que les résultats de ces échéances moduleront, à terme, la composition de l’organe législatif du Royaume à travers l’élection, au suffrage indirect -au niveau des collèges électoraux des communes, des régions et des corps professionnels- des 90 à 120 membres de la 2ème chambre du Parlement, La Chambre des Conseillers.