Avec un taux de participation de 58,30% dans la région de Dakhla-Oued Eddahab, 63,76% dans la région de Guelmim-Oued Noun et de 66,94% dans la région de Laâyoune-Sakia El Hamra, les trois grandes régions sahariennes ont véritablement tracté le taux de participation national. Une adhésion qui démontre un point au sujet duquel plusieurs observateurs concordent :le taux de participation au sud vaut mieux que tous les référendums réunis.
Le 4 septembre 2021, et comme un appel de klaxon esseulé dans l’étendue désertique de Tindouf, Mohamed El Ouali Akik, « ministre sahraoui » des « territoires occupés et des communautés », soit le ministre des choses qui n’existent pas mais qui peuvent réveiller en sueur la nuit quand on y pense trop fort, a dénoncé l’intention du Maroc d’organiser des élections au Sahara. Reprenant des éléments de langage écrits par d’autres, et pour d’autres circonstances, il avait alors qualifié les scrutins prévus de pratiques « insidieuses et d’actes insensés et provocateurs qui confirment l’entêtement et l’acharnement du Maroc à exacerber les tensions et à exporter les crises », car le 16è congrès du « Polisario » avait interdit les phrases de moins de 25 mots qui veulent dire quelque chose.
Le style des déclarations laisse peu de doutes sur l’identité de leurs rédacteurs. Comme il est possible de repérer les variants du covid-19 par leurs traits génétiques, les variants de l’écriture institutionnelle peuvent aisément être reconnus par leur façade générale, les malheureuses tournures, les mauvais choix de mots, de même que les tics langagiers et les troubles obsessionnels compulsifs qu’ils traduisent. La déclaration de Mohamed El Ouali Akik porte l’inimitable aigreur existentielle des affaires étrangères algériennes et de ses rewriters, qui écrivent comme on boirait de l’eau de linge sale, c’est à dire mal, avec inconfort, en faisant la grimace et en voulant que ça finisse au plus vite, d’autant que le linge est rarement le leur.
Telle déclaration peut être pardonnée au ministre Sahraoui des illusions qui font vivre, lui qui ignore tout de la signification du terme élection, le renouvellement du personnel du « Polisario » s’exerçant exclusivement via des événements non-cycliques, non-routiniers, non-contrôlés et purement conjoncturels (purges staliniennes occasionnelles, covid-19, balles perdues, bombes, etc.). Mais qu’en est-il de l’État algérien qui, s’il ignore lui aussi la vocation première d’un scrutin, en connaît le simulacre, qui lui a permis de se maintenir jusqu’à aujourd’hui, et qui lui permet encore de décongeler, à chaque échéance, des cascadeurs, des figurants et des seconds couteaux d’un show d’hier, réfrigérés depuis le temps et gardés frais et dispos pour le jour du besoin ?
L’État algérien et ses pensionnaires délaissés, tous deux complices de l’une des plus grandes entreprises de séquestration du monde contemporain, et non les séquestrés eux-mêmes, victimes de ce tragique dossier, avaient, par la voix de leur mâche-mots, estimé que la tenue de ces élections « ne changera rien à la nature de la question, ni à la détermination du peuple sahraoui et à ses moyens de résistance pour arracher ses droits légitimes ».
Et ils avaient raison.
Les Sahraouis ont effectivement agi avec une rare détermination et ont fait usage de leur droit légitime, constitutionnel, garanti par le royaume, à la participation politique. Ceci, en démontrant au monde la véritable nature de la question, que rien ne peut changer : la revendication séparatiste est un problème exclusivement algérien, un accident de laboratoire non-géré, son responsable étant trop peu responsable pour l’assumer et le contenir. Les Sahraouis, eux, sont indéniablement marocains.
Les Sahraouis ont fait de l’élection un moyen de résistance à la propagande algérienne, en montrant leur attachement au royaume. Ils ont ainsi désigné leurs élus légitimes, qui les représenteront au quotidien pour les prochaines années. Et nul doute que leur implication dans le processus politique restera constante et continue, que ce soit au niveau local, régional ou national.
En élisant leurs véritables représentants, les Sahraouis ont frappé d’illégitimité les commis-voyageurs du « Polisario » soi-disant « représentants des Sahraouis », qui s’adonnent à des formes ou d’autres de villégiature diplomatique aux frais du contribuable algérien (et de l’aide internationale) à chaque sommet international, ressassant des inventions et des fictions sur un territoire où ils n’ont jamais mis le pied, tentant désespérément de faire capoter des accords internationaux au bénéfice des Sahraouis, et de paralyser le développement de la région. Sans jamais réussir. Et c’est là leur drame : plus triste que d’échouer à réussir, échouer à faire échouer.