L’Afrique est parmi les régions du monde les plus durement touchées par le changement climatique. En effet, les effets néfastes du dérèglement climatique, à savoir les sécheresses, la raréfaction des ressources en eau, la désertification, les inondations et les tempêtes, pèsent lourd sur la sécurité alimentaire qui est déjà fragile en Afrique, et impactent en particulier la petite agriculture, l’agriculture vivrière et les populations les plus vulnérables.
Le coût d’adaptation au changement climatique pour l’Afrique seule, représente 7 à 15 milliards de dollars par an d’ici 2020 et pourrait atteindre 35 milliards de dollars d’ici 2050 et 200 milliards de dollars d’ici 2070, même en supposant un réchauffement stabilisé en dessous de 2°C. A quelques semaines de la COP25, les ministres africains souhaitent porter les projets d’adaptation de l’agriculture au rang des priorités. Historiquement, l’agriculture n’a pas été assez priorisée dans la mobilisation internationale, souffrant d’un manque de financement considérable. Pourtant, les conséquences des changements climatiques peuvent être désastreuses pour sa sécurité alimentaire.
Le potentiel agricole de l’Afrique est énorme. D’ailleurs, l’agriculture est un secteur vital pour le continent. Elle emploie 70% de la main-d’œuvre et représente plus de 25% du PIB. Face à cela, l’enjeu de la sécurité alimentaire en Afrique est confronté à une forte évolution démographique. La population est en effet appelée à dépasser les 2 milliards de personnes d’ici 2050, d’où l’impératif de renforcer le financement de l’adaptation au changement climatique en faveur du Continent.
Pour ce faire, le Maroc avait lancé l’Initiative pour l’Adaptation de l’Agriculture Africaine (AAA) lors de la COP22 pour relever trois défis auxquels doit faire face le continent : le financement, l’augmentation de la productivité agricole et l’augmentation du pouvoir de séquestration du carbone dans les sols africains. En trois ans d’existence, elle a réussi à inscrire l’agriculture africaine dans les agendas mondiaux des négociations climat. 7 pays, à savoir le Maroc, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Congo, le Ghana, le Burkina Faso et le Cameroun, ont été accompagnés pour la réalisation de plans nationaux d’investissement pour l’identification de portefeuilles de projets bancables d’adaptation de l’agriculture au changement climatique. Au Maroc, deux projets sont en cours de mise en œuvre. Le premier concerne l’adaptation au changement climatique dans les zones oasiennes au profit de 40.000 bénéficiaires. Quant au 2ème, il cible 26.000 bénéficiaires et porte sur le développent de la filière de l’arganier dans trois régions vulnérables du Maroc, à savoir Souss Massa, Marrakech Safi et Guelmim Oued Noun.