Lors d’un entretien télévisé avec la presse, le président algérien a redit ses mises en garde contre tout risque de «dérapage» et les «activités perturbatrices» qui «tentent d’entraver le processus démocratique». Des propos qui cherchent à camoufler la réalité du pays, lesquels ont indigné en Algérie.
«Il n’y a pas de prisonniers d’opinion en Algérie», a déclaré mardi soir 15 février le président Abdelmadjid Tebboune, lors d’un entretien télévisé avec la presse algérienne. Sur les réseaux sociaux, et malgré le battage des comptes pro-régime, les réactions des internautes aux déclarations «décalées» du président Tebboune ont déclenché une énorme colère, alors que les conflits sociaux se multiplient dans les services publics, notamment dans les secteurs de l’éducation et de la santé, au milieu d’une grave pénurie alimentaire et d’une inflation galopante.
Selon nos constatations, les internautes les plus avertis, ainsi que les sympathisants du mouvement prodémocratie du Hirak, ont pourfendu les propos «aberrants» du président «illégitime», tout en pointant du doigt les fuites en avant de ce dernier, qui, comme à son accoutumée, fabrique des polémiques à la suite de ses sorties médiatiques. Les militants pour les droits à la liberté d’expression, tout en jurant de «rester debout face aux corrompus», en lançant les slogans anti-régime, ont critiqué le fait que Tebboune ait nié l’existence de détenus d’opinion en Algérie. Ce dernier a inculpé la flambée des prix des produits de consommation à la crise internationale, tout en expliquant les maux de l’Algérie par les «manœuvres du Makhzen».
Comme contre-argumentaire, les militants et les internautes ont massivement diffusé les publications d’Amnesty International sur le nombre de détenus d’opinion en Algérie, et les articles des médias internationaux qui se sont emparés de la situation des droits humains en Algérie. Selon un décompte du Comité national pour la libération des détenus (CNLD), une association de soutien, quelque 100 militants du Hirak sont actuellement incarcérés, la plupart pour des publications sur le réseau social Facebook.
S’agissant de l’allocation du chômage, ces mêmes comptes ont estimé qu’il s’agit d’un moyen d’assujettissement du peuple, dans le cadre d’une politique d’opportunisme, à travers laquelle le régime utilise tous ses moyens pour «étouffer le peuple qui n’adhère pas à sa feuille de route». En revanche, les comptes pro-régime algériens se sont réjouis de ces déclarations et ont consacré plusieurs publications à ce sujet, en reprenant notamment des extraits de l’interview, tout en applaudissant «le recadrage du Makhzen par leur président», en référence aux prétendues «attaques dirigées par le Maroc contre les intérêts de l’Algérie».