Alors que la récente visite de Benny Gantz a permis d’«établir la pierre d’assise des relations sécuritaires futures entre Israël et le Maroc» et qu’un accord-cadre à ce sujet a été signé, Alger a choisi d’inviter le président palestinien Mahmoud Abbas pour narguer Rabat. Retour sur le naïf cynisme d’un régime sans boussole, figé dans une posture antimarocaine.
Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a annoncé lundi l’octroi d’une aide de 100 millions de dollars à l’Autorité palestinienne, à l’occasion d’une visite à Alger de son président Mahmoud Abbas. Le déplacement de M. Mahmoud Abbas en Algérie intervient moins de deux semaines après celle du ministre israélien de la Défense Benny Gantz au Maroc, concrétisée par un accord de coopération sécuritaire avec le royaume chérifien, qui a suscité l’ire du pouvoir algérien, qui instrumentalise depuis des mois le rapprochement Rabat-Tel-Aviv à des fins politiciennes.
Tandis que le roi du Maroc, Mohammed VI, avait assuré au président palestinien Mahmoud Abbas la poursuite de «l’engagement permanent et soutenu du Maroc en faveur de la cause palestinienne juste», le régime algérien a profité de la visite de ce dernier pour lui arracher des déclarations où annonces pompeuses et langue de bois se sont côtoyées.
Le président palestinien, relaie l’APS est «optimiste quant à l’organisation du Sommet arabe en Algérie en mars 2022», «confiant quant à la bonne organisation de ce rendez-vous arabe à la lumière de la bonne gouvernance du Président Tebboune et à l’accueil chaleureux des dirigeants, du gouvernement et du vaillant peuple algérien attaché aux causes de sa nation arabe, en tête desquelles la cause palestinienne». Il souligne que «l’Algérie a toujours campé sur sa position en faveur de l’État et du peuple palestiniens», que «l’Algérie a proposé un modèle de libération et un exemple humanitaire honorable et n’a eu de cesse de défendre sa nation arabe, ses causes nationales justes et les droits de ses peuples, en tête desquelles la cause palestinienne.»
Le président palestinien «a adressé ses remerciements au président Tebboune et à la diplomatie algérienne pour son rôle important dans le soutien à la cause palestinienne dans les fora internationaux, notamment au sein de l’Union africaine (UA), soulignant l’importance de poursuivre la coordination entre les deux pays.» Des phrases télécommandées alors que le régime algérien ne digère pas toujours le fait que Yaïr Lapid ait exprimé avant quelques mois ses «inquiétudes au sujet du rôle joué par l’Algérie dans la région, son rapprochement avec l’Iran et la campagne qu’elle a menée contre l’admission d’Israël en tant que membre observateur de l’Union africaine» (UA).
Le régime algérien, par imprévoyance ou par légèreté, a exploité la visite de M. Abbas à des fins mesquines, cédant à l’esprit de parti, il brise de ses propres mains les ressorts et la légitimité d’une cause noble. L’Algérie a traversé durant ces dernières années des crises intérieures aussi nombreuses qu’en apparence difficiles. Un régime qui succombe lentement aux imprudences et aux fautes de sa politique extérieure, aggravées par son obsession marocaine. S’il est contesté à l’intérieur, il n’a cessé de décroître, de s’affaisser au dehors.
La «cause palestinienne» est devenue un slogan officiel exploité à chaque protestation contre l’état intérieur de l’Algérie. Loin du discours idéologique du régime, beaucoup d’Algériens rejettent l’engagement officiel à trompe-l’œil du pouvoir «en faveur» des Palestiniens. Dans un récent interview, Abdelmadjid Tebboune a critiqué la visite sans précédent effectuée le ministre israélien de la défense Benny Gantz au Maroc. Faisant allusion à un contrat de coopération sécuritaire signé entre le Maroc et Israël à cette occasion, Abdelmadjid Tebboune a dénoncé une visite «de la honte» et parlé d’«une menace» contre son pays.
Le Maroc et Israël ont signé plusieurs accords, un accord-cadre défensif et un mémorandum de coopération portant sur l’aviation, la culture et les sports ainsi que sur la création de mécanismes de consultations politiques. Les deux pays avaient déjà signé des accords dans les domaines de l’eau, de l’agriculture, la sécurité et de la finance au moment de la première visite d’une délégation de responsables israéliens arrivés en décembre 2020 à bord d’un premier vol direct entre Rabat et Tel-Aviv. Une succession d’événements qui a pris de court le pouvoir d’Alger.