Le quotidien indépendant francophone, asphyxié par le pouvoir algérien, dénonce un «harcèlement continu». Le régime algérien monopolise la publicité dans les médias, confiée par la loi exclusivement à l’Agence nationale d’édition et de publicité (Anep).
La direction du quotidien indépendant algérien El-Watan («La Nation»), a annoncé que le journal pourrait cesser de paraître, évoquant un «étranglement» financier. Le journal a subi un «harcèlement continu à travers un boycott publicitaire» et a été «étouffé» par le régime, a affirmé la direction dans un éditorial au ton amer.
«À nos fidèles lecteurs : ni aumône ni faveur, mais du respect !» c’est le titre choisi par El-Watan pour son éditorial du 27 juillet, pour alerter sur le fait que le quotidien se trouve «au bord de l’asphyxie». Le journal né avant trois décennies affiche des chiffres négatifs pour la deuxième année consécutive. Le rapport de gestion des comptes «met tous les clignotants au rouge», mentionne l’édito.
Le régime algérien est le plus gros annonceur dans le pays où la publicité des administrations et entreprises publiques est confiée par la loi exclusivement à l’Agence nationale d’édition et de publicité (Anep).
L’Anep est souvent accusée d’être un outil politique, de choisir les supports auprès de qui elle achète des encarts non en fonction de leur audience ou tirage mais de leur ligne éditoriale vis-à-vis du régime et de chercher à étrangler les voix dissidentes en les privant de publicité.
«Une mise à mort en bonne et due forme» et «un étranglement du journal» ont été programmés, a-t-on pointé. Le quotidien algérien accusé l’État qui l’a «privé unilatéralement de la recette publicitaire si vitale à ses équilibres financiers». «En Algérie, la “publicité étatique” fait en quelque sorte fonction d’aide publique à la presse. Indispensable à la survie des journaux, elle est un outil de pression financière envers les médias peu enclins à soutenir la politique du régime» précise le site Courrier International.
«Les ventes du journal ne couvrent en effet que le tiers des salaires des 150 employés du journal. Si El-Watan tient encore pour l’instant, sa disparition n’est pas exclue. L’éditorialiste demande un accès équitable au marché de la publicité, pour “continuer à exercer librement le métier de journaliste”» révèle la même source.
«El-Watan ne doit pas mourir, tel est le mot d’ordre pour contrer la féroce volonté du pouvoir de le réduire à néant. Journal d’information et d’opinion, El-Watan a un rôle prépondérant à jouer dans la construction d’une presse libre vitale pour la démocratie», explique le journal à son lectorat.