En Algérie, l’accélération de la fulgurance pandémique explique l’accélération de la détérioration de la situation sanitaire en Algérie, mais également les grands manquements du régime dans sa gestion de la pandémie.
En Algérie, la campagne de vaccination patine. «Le pays compte 6,7 millions de primo-vaccinés – soit environ 15 % de la population – et 5,5 millions de personnes ayant eu deux doses. Un résultat loin des 20 à 25 millions nécessaires à l’immunité collective visée à la fin décembre, a indiqué le professeur Ryad Mahyaoui, membre de la commission scientifique, à la radio algérienne le 20 décembre», note Le Monde.
En Algérie, le scepticisme gagne du terrain à l’égard des vaccins contre le coronavirus sous l’effet d’une méfiance qui remonte loin, d’une sensibilisation qui laisse à désirer et de théories du complot potentiellement dangereuses. Le tout, couronné par l’incurie des autorités algériennes. Le pays est confronté à une nette hausse des contaminations depuis plusieurs semaines, tandis que les services hospitaliers risquent la saturation et le personnel médical éprouvé. Certains grands hôpitaux manquent toujours d’oxygène en raison notamment de dysfonctionnements de gestion des stock et de distribution.
Selon la même source, «l’adhésion à la vaccination reste faible bien que le comité scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie alerte depuis plusieurs jours sur l’imminence d’une quatrième vague. Les contaminations sont en hausse avec près de 300 cas quotidiens ces derniers jours – un bilan officiel largement sous-estimé selon les médecins. La propagation du variant Omicron inquiète, alors que deux cas ont déjà été enregistrés dans le pays.»
Dépassé par les événements, le pouvoir algérien a annoncé l’instauration progressive du passe vaccinal. «Le document sera désormais exigé pour entrer et sortir d’Algérie, mais également pour accéder à divers lieux comme les salles de sport, les cinémas ou les musées. Le gouvernement prévoit aussi l’intensification des opérations de vaccination des fonctionnaires ainsi que de certaines professions des secteurs des services et du commerce», note la même source.
La situation est si terrible au point que Mohamed Yousfi, chef d’un service d’infectiologie à Boufarik, près d’Alger, a annoncé qu’«au niveau de l’hôpital de Blida (au sud-ouest d’Alger), qui possède le seul service de réanimation de la région, nous n’arrivons pas à trouver de places. Il faut malheureusement attendre des décès pour récupérer des lits pour des malades. C’est malheureux d’en arriver là.»
La méfiance envers les vaccins touche jusqu’à le personnel médical. Le ministre de la santé, Abderrahmane Benbouzid, a révélé le 13 décembre que moins d’un tiers d’entre eux étaient vaccinés. «Il y a même des médecins vaccinateurs qui ont déconseillé aux citoyens de se faire vacciner. C’est malheureux parce qu’on a eu plus de 400 victimes parmi le personnel de santé» depuis le début de l’épidémie, a regretté le docteur Lyès Akhamouk, infectiologue, à la radio algérienne.
Pourtant, l’Algérie a lancé sa campagne de vaccination relativement tôt, le 29 janvier 2021. Aujourd’hui, près de 6% de sa population a pu se voir administrer une première dose. Le président Abdelmadjid Tebboune a appelé en juillet à l’augmentation du taux de vaccination dans les départements à forte densité démographique, étant les premiers foyers de contamination. Les résultats, pour le moment, restent très mitigés.