Pour leur 112e mardi de mobilisation, les manifestants mettent en cause le président Abdelmadjid Tebboune, «venu par la fraude et inféodé aux militaires», la dissolution de la police politique et des renseignements «terroristes»
Des milliers d’étudiants ont manifesté mardi 13 avril à Alger, à Oran, à Sétif et dans les grandes villes du pays contre le régime en réclamant une «réelle transition démocratique» en Algérie, théâtre d’un mouvement de protestation populaire inédit renouvelé depuis près deux mois.
Dans la capitale Alger, le cortège qui a rassemblé étudiants, enseignants et sympathisants défilaient pour réclamer plus de libertés et un renouvellement politique général. Il a parcouru les principales artères du centre-ville, depuis place des Martyrs; pour rejoindre la grande poste.
Les manifestants, plusieurs fois encerclés par les forces de l’ordre, ont déclamé contre la tête du régime, Abdelmadjid Tebboune, sa police politique et l’institution militaire. Le président, très impopulaire, a décidé d’organiser des élections législatives anticipées le 12 juin en réponse à la grave crise politique et socio-économique qui secoue le pays. Mais la foule dénonce une «mascarade en cours de préparation». «Libérez les détenus», ont scandé des manifestants dont les pancartes affichaient des portraits de certains détenus
«Résister face aux véreux»
Plus nombreux que la semaine passée, les étudiants ont également manifesté pour les droits publiques, jurant de «résister face aux véreux», et lançant les habituels refrains antirégime.
La caste au pouvoir en Algérie affronte un rejet populaire massif, tandis que le Hirak réclame un changement radical de la coterie politique en place depuis l’indépendance du pays en 1962.
Certains manifestants ont vertement critiqué les propos de Tebboune annoncés lors du Haut-Conseil de sécurité (HCS), qui regroupe le nœud de l’Etat, notamment le premier ministre, le ministre des affaires étrangères, son collègue de l’intérieur et le chef d’état-major de l’armée et le patron de la gendarmerie. Ils s’en sont pris aussi aux généraux en place en reprenant un slogan phare du Hirak – «Etat civil et non militaire» – pour dénoncer l’armée, le pilier du régime, dont le rôle prépondérant dans le mécanisme de décision politique est très mal vu.