Des milliers d’Algériens ont défilé mardi 10 mars, appelant à une refonte complète de l’élite dirigeante, à la fin de la corruption et au retrait de l’armée de la politique.
Les étudiants partisans du mouvement de contestation antirégime en Algérie sont descendus dans la rue mardi 10 mars, à Alger, pour la 55e semaine consécutive, alors que le pays doit face à la chute des cours du pétrole et aux retombées économiques de la crise liée au nouveau coronavirus. L’Algérie est le pays d’Afrique le plus touché par l’épidémie, selon les données officielles. D’autres manifestations ont eu lieu en province, notamment à Oran et Mostaganem (nord-ouest), à Sétif et Annaba et Constantine (nord-est) Ghardaïa (sud) ainsi qu’à Tizi Ouzou et Boumerdès, à l’est d’Alger, où plusieurs personnes ont été arrêtées, selon des militants sur place.
« Nous ne nous arrêterons pas », a scandé une foule dans le centre d’Alger, la capitale, malgré la présence policière. Alors que le nouveau président, Abdelmadjid Tebboune a libéré les personnes détenues lors des manifestations, mis en place une commission pour modifier la constitution et proposé des pourparlers à l’opposition, une grande partie de l’ancienne élite dirigeante, honnie et fustigée par la société civile, reste en place.
Le mouvement de protestation, sans chef, connu sous le nom de «Hirak», exige plus de concessions, dont la libération de plus de militants et le départ du système au pouvoir depuis l’indépendance en 1962. «Notre mouvement est infatigable. Nous sommes prêts à continuer», a déclaré un manifestant qui sillonnait la rue centrale Didouche Mourad, dans le centre d’Alger.
En plus de l’agitation politique, le nouveau gouvernement fait maintenant face à une année économique difficile avec des revenus énergétiques en baisse rapide, affectant durement les finances publiques et à l’épidémie du coronavirus. Dix-sept cas de contamination au Covid-19 ont été confirmés à ce jour par l’Institut Pasteur d’Algérie et le pays fait face à l’effondrement des cours du baril dû au coronavirus, et à la chute des prix du pétrole dans un contexte de crise entre les acteurs majeurs que sont l’Arabie saoudite et la Russie.
Deux anciens premiers ministres, plusieurs ex-ministres et des hommes d’affaires éminents ont été emprisonnés à la suite d’enquêtes anti-corruption qui ont fait suite à des manifestations exigeant des poursuites contre les personnes impliquées dans la corruption.
Le Premier ministre Abdelaziz Djerad a déclaré cette semaine que la corruption et la mauvaise gestion ont entraîné une situation économique «délicate» pour l’Algérie, un pays membre de l’OPEP qui est également confronté à un impact négatif de la chute des prix mondiaux du pétrole brut.