Les déclarations du président français sur le “système politico-militaire” algérien qui s’est “construit sur une rente mémorielle” ont été très mal reçues de l’autre côté de la Méditerranée. Réactions.
“L’inacceptable”, une “violente attaque du président français contre les responsables algériens” et une “digression impardonnable, qui n’a jamais été commise par aucun président français” : en Algérie, les mots sont durs, amers, dépités.
Courrier International retrace l’épisode à haut voltige. Emmanuel Macron, candidat certain à sa réélection, a lancé : “La nation algérienne post-1962 s’est construite sur une rente mémorielle”, en référence à la colonisation et à la guerre d’Algérie. Avant d’évoquer un “système politico-militaire qui s’est construit sur cette rente mémorielle”. Des propos qui ont été très mal reçus de l’autre côté de la Méditerranée : les réactions se sont enchaînées, et les autorités algériennes se sont emballées. Dans un communiqué publié par la présidence de la République, l’Algérie a affirmé “rejeter toute ingérence dans ses affaires intérieures”.
L’hebdomadaire français retrace la colère de la presse proche du régime. Pour L’Expression, Emmanuel Macron est “obnubilé par l’élection [présidentielle] d’avril et ne semble pas mesurer la gravité de ses déclarations”. Les relations franco-algériennes traversent “une zone de turbulences”, résume de son côté le quotidien franco phone indépendant Liberté, lequel considère que l’avenir des relations entre les deux pays dépendra fortement des évolutions politiques, aussi bien en Algérie qu’en France, où la course vers l’Élysée a commencé. De son côté, le site d’informations Tout sur l’Algérie (TSA) se demande comment on en est arrivé là, alors que jusqu’à présent Emmanuel Macron, “quoi que l’on dise, avait fait avancer le dossier de la mémoire et s’était toujours montré prudent quand il s’agissait d’évoquer l’Algérie et sa situation interne”.
“Dans ce genre de cérémonie préparée à l’avance, les mots sont choisis et soigneusement pesés”, estime dans L’Orient-Le Jour le politologue suisse et algérien Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (Cermam) à Genève, écartant l’hypothèse de la spontanéité des propos, commente la même source. Selon le quotidien libanais, cette sortie d’Emmanuel Macron doit plutôt être interprétée comme l’expression de sa “déception” et de son “mécontentement” quant à l’indifférence du régime algérien pour ses efforts.
Selon Courrier International, la France estime en avoir fait suffisamment, le pouvoir algérien s’est de son côté montré très critique, regrettant notamment que le rapport préconise une série d’“actes symboliques”, mais “ni excuses ni repentance” de la France vis-à-vis de la colonisation.