Le tribunal de Constantine en Algérie a ordonné samedi le placement en détention de l’ancien candidat à l’élection présidentielle tunisienne Nabil Karoui pour franchissement illégal de la frontière, a-t-on appris de source judiciaire.
La cour a également ordonné l’arrestation de quatre Algériens accusés d’avoir aidé le propriétaire de la chaîne de télévision privée Nessma et chef du parti «Au cœur de la Tunisie», deuxième formation représentée au Parlement, à entrer en Algérie et à lui fournir un logement, a ajouté cette source.
Cette affaire serait intimement liée au sort d’un autre homme, Slimane Bouhafs, un réfugié politique algérien résidant à Tunis, qui a été enlevé par des inconnus, mercredi 25 août, à l’issue d’un raid à son domicile. Un scandale inédit ayant nourri des soupçons sur un accord tacite entre les autorités tunisiennes et algériennes. Une quarantaine d’organisations de la société civile tunisienne ont exprimé, mardi 31 août, leur «indignation» devant «le dangereux précédent créé par l’Etat tunisien en remettant un réfugié bénéficiant de la protection internationale aux autorités de son pays qui le poursuivent pour ses prises de position politiques».
Nabil Karoui a été libéré le 15 juin dernier de plus de six mois de détention en Tunisie pour des accusations de blanchiment d’argent et d’évasion fiscale.
La Tunisie est plongée dans une crise constitutionnelle depuis que son président, Kaïs Saïed, a annoncé fin juillet des mesures d’urgence, renvoyé le gouvernement du Premier ministre Hichem Mechichi et gelé les travaux du Parlement.