Depuis quelques mois, les membres du gouvernement algériens prennent à tour de rôle la parole pour rassurer les consommateurs algériens face à la flambée des prix. L’alimentaire, principale poste de dépense des foyers d’après l’enquête de l’Office national des statistiques (ONS), connaît des surenchérissements de prix.
Les prix des denrées alimentaires en Algérie ont augmenté considérablement depuis début 2022, alors que le pays peine à financer des importations pour faire face à une pénurie aiguë de produits de première nécessité. Les Algériens commencent ce mois en difficulté, c’est-à-dire en déboursant plus pour des dépenses de base. Les consommateurs ont remarqué une hausse des prix, plus ou moins importante, depuis début janvier, une hausse sous le signe de la pénurie et de l’inflation. En effet, après le prix élevé du poulet, la pénurie de lait en sac subventionné et d’huile alimentaire, la patate chaude de la pomme de terre, considérée en Algérie, avec la semoule, comme l’une des principales denrées alimentaires. La crise du pain se profile à l’horizon avec la décision unilatérale des boulangers d’en augmenter le prix.
Le pain est le produit le plus consommé en Algérie et qui plus est, est vendu la plupart du temps en dehors des circuits officiels, il y a de quoi être consterné pour le consommateur et le panier du boulanger. C’est d’autant plus étonnant pour ces derniers que l’Algérie, dans le cadre de la loi de finances 2022, publiée au Journal officiel, s’est engagée dans une levée des subventions généralisées de l’Etat sur les produits de première nécessité. Le régime algérien, en effet, en redoute les conséquences.
L’augmentation des taxes et la dépréciation de la monnaie algérienne entraînent automatiquement un relèvement des prix, déplorent les représentants d’associations de défense des consommateurs et des commerçants algériens. Auparavant, le président de l’Association nationale des commerçants et des artisans (ANCA). «La dévaluation du dinar affecte considérablement les produits fabriqués à l’étranger», dit-il.
La flambée des prix des produits de consommation n’est pas qu’une instabilité cyclique en Algérie. C’est un secret de polichinelle, il devient problématique et stressant pour une très large frange d’Algériens à faibles revenus, d’obtenir de quoi assurer le minimum vital à leurs familles au regard des prix des produits alimentaires de base indispensables qui à chaque fois. jour que Dieu fait grimper sans aucune considération, frappant ainsi de plein fouet une bonne partie de la population qui voit par conséquent son pouvoir d’achat s’éroder.
Pour les Algériens qui ne vivent que de leurs salaires (ou maigres revenus), stagnant d’ailleurs depuis plus d’une décennie, les jours qui viennent avec cette flambée générale des prix (de 50% à 100% voire plus) qui risque d’enflammer le front social , sera tout simplement dramatique. Quand bien sûr ils ne le sont pas déjà, au vu des prix inabordables d’une panoplie de produits de première nécessité et qui donnent la mesure de l’étendue des dégâts présents et futurs par un déferlement destiné à se poursuivre et à s’amplifier. Rien n’y échappe, le pain (50%), le poulet (50 à 60%), les œufs, le lait subventionné, l’huile, et idem pour les féculents (haricots blancs secs, pois chiches, lentilles, riz…).
Du côté des fruits et légumes, la flambée des prix est encore plus spectaculaire en ce dernier mois de l’année. En Algérie, les prix des denrées alimentaires, qu’elles soient importées ou non, ont subi des hausses allant de 30 à 50 % au moins, ce qui ne correspond à aucune autre logique que celle de la spéculation qui semble revenir au galop en raison de la crise politique et du manque de de contrôle.
Se voulant faussement rassurant quant à la situation macroéconomique du pays, le président Tebboune écarte sans cesse un recours au financement extérieur, au nom de la «souveraineté» nationale. Les réserves de change, qui s’élèvent actuellement à 44 milliards de dollars (37,367 milliards d’euros) contre 53 milliards de dollars (45 milliards d’euros) fin 2019 sont une source majeure de préoccupation des économistes. Elles continuent néanmoins de baisser régulièrement. Entre 2014 et 2019, elles ont fondu de près de 65%, selon la Banque centrale.
Début novembre, il avait été signalé, en Algérie, avoir recours à l’importation à titre exceptionnel compte tenu de l’urgence de la question de la flambée des prix et notamment des produits de grande consommation dont les viandes blanches.
Certaines couches populaires, plus conciliantes, attribuent ces hausses aux fluctuations des marchés mondiaux des intrants et des matières premières, et aux prix de revient des produits agricoles pour justifier ou argumenter ces hausses vertigineuses. Toutefois, cela n’a aucune proportionnalité entre ces augmentations de prix et les coûts annoncés. «Des manœuvres commerciale illégales ont cours en Algérie en raison d’une situation de monopole de certains importateurs. Ils spéculent, les prix flambent en conséquence», avait regretté le président de l’ANCA.