En Egypte, pays le plus peuplé de la Méditerranée avec ses 100 millions d’habitants, près d’un tiers de la population vit avec moins de 1,5 euro par jour, selon l’agence nationale des statistiques (Capmas).
Le coronavirus détruit le tissu économique en Egypte. D’après les chiffres officiels, le taux de chômage atteint près de 10%, et le nombre de travailleurs du secteur informel dépasse les cinq millions de personnes dépourvues de protection sociale. L’Egypte a pour l’heure enregistré officiellement 1.450 cas de nouveau coronavirus, dont 94 décès.
Pour lutter contre la propagation du virus, un couvre-feu a été décrété le 25 mars et les cafés ainsi que la plupart des lieux de sociabilité ont été fermés pour plusieurs semaines. Depuis la mi-mars, l’EFB distribue de l’aide alimentaire pour pallier les effets ravageurs de ces mesures préventives sur les foyers les plus pauvres. L’association prépare 10.000 colis de denrées de base par jour, selon son directeur, Mohsen Sarhan.
Constitués de riz, de pâtes, de sucre, d’huile et de conserves de viandes, les colis sont distribués à des centaines de milliers de familles en difficulté. Via un réseau de 5.000 associations partenaires réparties sur l’ensemble du territoire, l’organisation, basée au Caire, a prévu un premier lot de 500.000 colis dans les 27 gouvernorats d’Egypte.
Bien que l’EFB ait reçu des millions de livres égyptiennes de dons au cours du mois écoulé, elle croule sous les demandes d’aide. Lundi, le président Abdel Fattah al-Sissi a ordonné l’attribution d’une aide mensuelle de 500 livres égyptiennes (29 euros) durant une période de trois mois aux travailleurs dont l’activité est menacée.
Pour Adam Hanieh, chercheur en sciences politiques à la School of Oriental and African Studies (SOAS) à Londres, le nouveau coronavirus risque de fragiliser une part plus importante encore de la population active égyptienne.
La pandémie pourrait avoir « des conséquences inattendues » comme la « rupture des réseaux de solidarité », la « perturbation de l’approvisionnement alimentaire » ou une « énorme pression » sur le système sanitaire, estime l’expert. « Cela va certainement engendrer une contestation sociale et, si l’on se fie à l’histoire de l’Egypte, une aggravation de la répression et l’usage accru de mesures autoritaires », ajoute-t-il.