La compagnie Air Algérie a rouvert sa liaison avec la France, mais toutes les places disponibles pour le mois de juin ont déjà été vendues. «Allez voir Royal Air Maroc, c’est ouvert, aucun problème ! Avec la Tunisie, le Maroc, il n’y a pas tout ça» s’est indigné un voyageur lésé.
«Je fais comment avec mon déménagement ?», «Je suis dégoûté». Devant l’agence d’Air Algérie à Paris, des dizaines de personnes fulminent face au rideau fermé de la compagnie aérienne, qui a repris les liaisons Paris-Alger après quinze mois d’interruption… mais reste impossible à joindre. «Notre compagnie s’est vue contrainte de refermer son agence Opéra jusqu’à nouvel ordre», indique une affichette placardée sur la porte de la boutique. Elle invite les clients à se replier sur un numéro de téléphone ou à se rendre sur le site d’Air Algérie, où aucun vol Paris-Alger n’est en vente.
Lundi 31 mai, ils étaient des centaines à se presser devant l’agence pour obtenir un billet pour l’Algérie. La compagnie nationale venait d’annoncer, le 24 mai, la réouverture de sa liaison entre la France et l’Algérie, à raison de trois vols hebdomadaires. L’agence de Paris (la seule du pays avec celle de Marseille) a brièvement ouvert ses portes lundi matin, assure un témoin. Mais après avoir accueilli une trentaine de clients, elle a aussitôt baissé le rideau.
«Il y a eu un grand engouement au niveau de nos agences, ce qui était prévisible puisque nos frontières sont fermées depuis quinze mois», reconnaît Amine Andaloussi, porte-parole d’Air Algérie, contacté par l’AFP. «Pour des raisons sanitaires, on a préféré renvoyer notre clientèle vers le “call center” et notre site Internet», a-t-il ajouté.
Kamel (prénom d’emprunt) habite à Francfort et a fait le déplacement spécialement jusqu’à Paris pour dénicher un billet. Cela fait sept ans qu’il n’a pas mis les pieds dans son pays. «J’ai payé le voyage jusqu’ici, je paye l’hôtel, la nourriture, et il n’y a aucune information, dit-il, en colère. Sur Internet, ça disait que l’agence était ouverte, j’ai fait 500 km pour acheter ce billet.» Arrivé mercredi, il compte rester encore trois ou quatre jours avant d’abandonner et de repartir en Allemagne.
«Pourquoi ne font-ils pas plus de vols ?»
Son attente s’annonce vaine. L’ensemble des 6 420 billets disponibles pour le mois de juin ont été vendus «en quelques heures», affirme Amine Andaloussi. Pour l’instant, aucun autre billet n’est en vente, «on est sur une ouverture partielle», tient-il à préciser.
Kamel raconte que son père est mort il y a huit mois sans qu’il puisse assister aux funérailles. «Je l’ai accepté parce qu’il y avait le coronavirus, mais maintenant c’est rouvert, donc il n’y a plus d’excuse», lâche-t-il, pestant contre l’incurie des institutions algériennes. «Pourquoi ne font-ils pas plus de vols ?», s’interroge Rachid, 35 ans, qui travaille à côté et passe de temps en temps pour voir si l’agence ouvre. «Allez voir Royal Air Maroc, c’est ouvert, aucun problème ! Avec la Tunisie, le Maroc, il n’y a pas tout ça», s’indigne-t-il.
Devant l’agence, des bouteilles en plastique vides et des morceaux de carton éparpillés trahissent les heures passées par certains dans l’espoir que le rideau se lève. Sur la vitrine, des feuilles de papier ont été scotchées pour permettre aux clients d’inscrire leurs noms et numéros de téléphone afin qu’Air Algérie les appelle, sans trop y croire. Mustapha habite Saint-Denis et vient tous les jours. «J’en ai vu qui venaient de Suisse, de Beauvais, de Lille» pour décrocher le sésame, raconte-t-il.
Le billet d’avion est affiché à 518 euros aller-retour, plus 253 euros pour cinq jours de confinement à l’hôtel une fois en Algérie et un test PCR à l’issue. Mais aucune information ne signale que plus aucun billet n’est disponible.