Le blog de Mediapart abrite une série de publications qui excitent doublement l’attention, et par la popularité des sujets, et par celle du nom des auteurs. Le site ne dépense pas moins d’imagination pour justifier le caractère complotiste de ces contributions, qu’il n’en avait employé à les commencer et à les conduire.
Comme un roman furieux, taché d’orgies de punch ou de sang, encombré de cadavres ou de ruines. Dans un article de blog hébergé par Mediapart, largement diffusé, le sociologue français Laurent Mucchielli écrit qu’il y a «urgence à suspendre» la vaccination de masse contre la Covid-19 et évoque une mortalité «inédite dans l’histoire de la médecine moderne», avançant le chiffre de presque 1 000 morts du vaccin. Un article complotiste dont les conclusions sont dénoncées par de nombreux scientifiques.
Mediapart jette tout d’abord au nez des critiques l’aveu d’impuissance à modérer les contenus de ces espaces. C’est l’aveu inévitable, mais le site réputé proche de la gauche dure ne construit-il pas à plaisir les moulins à vent qu’il lui plaît de combattre ? La falsification de Mediapart est ici doublement inexcusable, car elle reçoit à la fois le démenti des cercles officiels et celui des internautes.
Cette tribune sur le blog de Mediapart, régulier relais des positions controversées concernant la pandémie, n’est pas la première. Le site accueille les productions de ceux qui se voient défenseurs d’un discours alternatif aux versions officielles et se nourrissent de thèses invérifiées pour infuser sur les réseaux sociaux une lecture complotiste et peu authentifiée de l’actualité.
L’une des plus hardies mystifications est sans contredit la création du volet marocain de l’affaire Pegasus, une étude peu sérieuse, sans sources, sans explorations scientifiques. Cette invention est bien faite pour frapper l’esprit des personnes peu renseignées; aussi, est-elle exploitée de la belle façon par les gens hostiles au Maroc.
Le royaume ne s’est pas abaissé jusqu’à prendre le dispositif corps à corps, et à en discuter les considérants ; il voit les choses de plus haut et plus généralement ; à ses yeux, Mediapart n’a pas eu la force de mesurer son œuvre fabriquée et d’en faire le tour. Il en répondra devant la justice dans quelques semaines. La cour de Paris qui reprend aujourd’hui la question, triomphera sans doute de cette obstination dans l’erreur et dans la mauvaise foi.
Cette haine antimarocaine sans cause, sans excuse, inexplicable, phénomène inouï et sans exemple, s’est montrée dans toute sa hideuse réalité lors d’un live diffusé la semaine dernière où une audience bien choisie a dépensé dans une heure de pseudo-débat toutes les idées confuses, toutes les paroles sonores et mystérieuses qui chargeaient depuis longtemps leur mémoire contre le Maroc.
La montée en puissance des tribunes haineuses suscite les craintes des services de renseignement, qui redoutent une déstabilisation des démocraties européennes. Récemment, le blog de Mediapart a autorisé la publication d’un billet comparant la campagne de vaccination à la Shoah, avant que le site d’information Mediapart dans un billet publié jeudi, évoque très timidement la suppression de commentaires virulents d’abonnés.
Les dépublications se succèdent, mais les espaces participatifs de Mediapart deviennent de plus en plus un lieu moins sûr. Des contributeurs opposés notamment à l’extension du passe sanitaire ont invoqué la dictature ou l’apartheid, suscitant de nombreuses réactions indignées.
L’équipe de modération de Médiapart se montre débordée. Avant quelques semaines, Gérald Darmanin, le ministre de l’intérieur français, a déposé plainte pour «diffamation publique envers la police nationale» après la publication sur un blog hébergé par Mediapart d’un texte accusant la police de «barbarie» pour avoir «exécuté» l’assassin d’un professeur.
Si Mediapart a quelque tort réel à se reprocher, certes ce n’est pas l’excessive rigueur ; c’est plutôt l’extrême complaisance à l’égard de ceux qui ciblent les institutions officielles et les pays souverains.