Les manifestants rendaient hommage à 28 militaires négro-africains exécutés par pendaison en 1990 après des violences contre les populations noires du pays.
Quarante-deux personnes ont été arrêtées au cours de manifestations de veuves et d’orphelins de victimes d’affrontements intercommunautaires de la fin des années 1980, a-t-on appris, dimanche 29 novembre, auprès de la police et d’organisation des droits humains.
Vaste pays désertique à la charnière entre le Maghreb et l’Afrique subsaharienne, la Mauritanie est peuplée de 3 millions d’habitants aux origines diverses : Maures blancs et noirs, Noirs ayant leurs racines en Afrique subsaharienne.
Entre 1989 et 1991, plusieurs dizaines de milliers de Négro-Mauritaniens avaient dû fuir ou avaient été chassés de leur pays après un déchaînement de violences sous le régime de l’ancien président Maaaouiya Ould Taya (1984-2005). Ils s’étaient réfugiés au Sénégal et au Mali voisins.
Accusés de «tentative de coup d’Etat», 28 militaires négro-africains avaient été exécutés par pendaison le 28 novembre 1990, jour du trentième anniversaire de l’indépendance. Les personnes interpellées samedi défilaient pour leur rendre hommage.
Marche pacifique
«Les personnes arrêtées sont au nombre de 42, deux à Bababé (sud) et les autres à Nouakchott», a indiqué à l’AFP Lalla Aicha, du Forum des organisations nationales des droits de l’homme (Fonad).
Un responsable de la police a confirmé, sous couvert d’anonymat, ces interpellations, soulignant que «la manifestation n’était pas autorisée».
«Notre marche était pacifique, conforme à la loi et à la Constitution, qui garantissent la liberté d’expression, s’est insurgé Dia Alassane, co-organisateur de la marche. Nous voulons exprimer notre deuil, réclamer nos droits à la justice et aux réparations.»
Les manifestants réclamaient aussi l’annulation de la loi d’amnistie adoptée en 1993.
«Il faut mettre fin à l’impunité et permettre aux Mauritaniens de se retrouver et de réfléchir sur la manière de vivre ensemble», a souligné Dia Alassane.