Du Sud-Est de la France à la Tunisie, en passant par l’Espagne et l’Algérie, la lutte contre le Covid-19 a obligé à proscrire embrassades, accolades et poignées de main, des rituels pourtant fondamentaux en Méditerranée, région marquée par « une culture du contact et de la proximité », souligne le sociologue tunisien Mohamed Jouili.
Avec le coronavirus, certains ont instauré de nouvelles salutations, jouant du coude –comme cela a été fait parfois en Afrique au moment d’Ebola– ou du pied, mettant la main sur le coeur, mimant des bises à distance, mais avec la nostalgie des vraies embrassades.
A Marseille, qui entretient des liens étroits avec les pays méditerranéens, même les hommes se font la bise. En Méditerranée, loin des pratiques anglo-saxonnes ou de la distance à l’asiatique, la « proximité physique () fonde notre identité », explique l’anthropologue Geneviève Zoïa, de l’Université de Montpellier.
Mais avec les milliers de morts du Covid-19 en Italie, en Espagne et en France, tout a changé. « La peur du virus est passée avant tout le reste », même en Espagne, « une société de peau contre peau », souligne Javier Urra, de l’Académie de psychologie espagnole. Non sans mal.
En Algérie aussi, « la relation corporelle est très importante On se touche beaucoup, on est très chaleureux, expressif, à travers les gestes », décrit Nacer Djabi, chercheur à l’Université d’Alger.
Comme dans d’autres pays, « certains tentent de trouver des parades comme de se saluer par le coude mais c’est un comportement assez marginal », dit-il, notant qu’il faudra du temps « pour instaurer une contre-culture ». Avec le masque, accessoire phare du déconfinement, le pêcheur marseillais a appris à « sourire avec les yeux ».
Du Sud-Est de la France à la Tunisie, en passant par l’Espagne et l’Algérie, la lutte contre le Covid-19 a obligé à proscrire embrassades, accolades et poignées de main, des rituels pourtant fondamentaux en Méditerranée, région marquée par « une culture du contact et de la proximité », souligne le sociologue tunisien Mohamed Jouili.
Certains ont instauré de nouvelles salutations, jouant du coude –comme cela a été fait parfois en Afrique au moment d’Ebola– ou du pied, mettant la main sur le coeur, mimant des bises à distance, mais avec la nostalgie des vraies embrassades.
« On ne peut pas dire que ça nous manque pas mais c’est pas ça qui cassera l’amitié, la complicité », insiste Daniel Reggio, qui vend ses daurades sur le Vieux-Port de la deuxième ville française.
Yvon Tapias, retraité et organisateur de balades dans Marseille, a lui opté pour le « Wuhan shake », du nom de la ville chinoise où le nouveau coronavirus est apparu.
« On se touche avec le flanc du pied, comme ça », dit-il en montrant le côté intérieur du pied. « Nous les gens du Sud, on a besoin de contact », souligne cet habitant de l’île du Frioul.
A Marseille, qui entretient des liens étroits avec les pays méditerranéens, même les hommes se font la bise. « C’est le premier endroit où j’ai embrassé des patrons. J’avais jamais eu l’idée d’embrasser un banquier avant! », plaisante Jean-François Chougnet, président du Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem), arrivé il y a quelques années de Paris.