C’est presque un lieu commun que de rappeler les abus fastueux qui forment une partie considérable de l’histoire des Azaitar. On a décrit leurs fêtes excessives et bruyantes, leurs profusions sans limites, leurs projets au luxe ruineux et le seul train de la vie quotidienne qui engloutit des sommes faramineuses. Mais ce qui frappe le plus, c’est la fainéantise du trio. On se demande : quel travail nourrit cette bande oisive ?
Reconnaissons aux Azaitar l’audace d’associer le faux esprit de miséricorde qui s’ingénie à soulager la souffrance devant les caméras avec les loisirs d’une existence indécente. Tandis que ces faux volontaires de la bienfaisance font couler de l’alcool à flots, la masse de ceux qui sont réduits à se contenter du nécessaire et d’un modeste superflu grossit de jour en jour et paie la rançon de l’universelle cherté.
Le luxe de mauvais aloi des Azaitar a défrayé la scène pendant plusieurs années. On a dénoncé avec une énergie solennelle les inquiétants progrès de leur excentricité. Peut-on réconcilier richesse douteuse (avec cette part de représentation extérieure qui d’ordinaire l’accompagne), charité intéressée et spiritueux ? Difficile. Les extravagances dispendieuses, les projets qui défient la loi et le goût des jouissances ruineuses autant qu’immorales forment une de ces plaies profondes que les frères ne soignent jamais. Sur ce mal il est bon de ne pas se méprendre.