Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez s’est déplacé le 30 août en Allemagne pour y rencontrer le chancelier Olaf Scholz et participer à une réunion du gouvernement allemand, a annoncé son bureau, alors que la crise énergétique s’aggrave en Europe en raison du conflit ukrainien.
Les positions des deux pays sur cette question de l’énergie se sont beaucoup rapprochées ces derniers jours, le chancelier allemand ayant apporté un soutien appuyé à un objectif prioritaire de M. Sánchez, un projet de gazoduc reliant la péninsule ibérique à l’Europe centrale via la France afin de réduire la dépendance de l’UE au gaz russe (et au gaz algérien pour Madrid).
Lors d’une conférence de presse, Pedro Sánchez, interrogé s’il comptait lui, ou le chancelier allemand voyager prochainement en Algérie, dans le contexte de la recherche des alternatives au gaz et au pétrole russe, il a affirmé qu’il “serait ravi de pouvoir se rendre en Algérie”. Une déclaration détournée par des comptes algériens et séparatistes, devenue, “j’espère de tout cœur que l’Algérie m’accueille”, allusion à un empressement espagnol de rectifier les relations avec Madrid.
Le chef de la diplomatie espagnole, toutefois, a été catégorique et a déclaré ne pas vouloir « alimenter des polémiques stériles» avec l’Algérie après la condamnation par le président Abdelmadjid Tebboune du revirement espagnol en faveur du Maroc. «L’Espagne a pris une décision souveraine dans le cadre du droit international et il n’y a rien d’autre à ajouter», a déclaré récemment José Manuel Albares.
Alger a rappelé le 19 mars son ambassadeur en Espagne après que Madrid a opéré un changement de position radical sur le dossier du Sahara en apportant publiquement son soutien au projet d’autonomie marocain. En guise de punition, elle a évoqué une hausse des prix du gaz livré à l’Espagne, en raison de la flambée enregistrée sur les marchés sous l’effet de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, pour augmenter ses prix. En avril, le Polisario, soumis aux diktats algériens, a annoncé «rompre» tout contact avec le gouvernement espagnol après le ralliement de Madrid à la position marocaine sur la question du Sahara.
La présidence du gouvernement espagnol a annoncé la rencontre de mardi sans fournir le moindre détail sur son programme, précisant simplement qu’elle aurait lieu à Meseberg, au nord de Berlin, et que M. Sánchez “participera comme invité d’honneur à la réunion du gouvernement allemand”.
Madrid plaide depuis des années, mais de façon encore plus insistante depuis le début de la guerre en Ukraine, pour la construction du Midcat, un gazoduc qui relierait, à travers les Pyrénées, le nord-est de l’Espagne à la France et au-delà avec l’Europe centrale.
Lancé en 2013, le projet avait été abandonné en 2019, faute d’accord sur son financement et en l’absence de soutien de la part de la France. Cette semaine, M. Sánchez a évoqué l’hypothèse d’un “plan B” si aucun accord n’était possible avec la France pour la construction du Midcat, à savoir la construction d’un gazoduc entre l’Espagne et l’Italie.