Le budget d’urgence adopté face à la «crise inédite» du coronavirus, et qui vise à redresser les comptes publics du pays, déplaît par sa rigueur excessive.
Le Syndicat national du travail (UNTM), la branche syndicale du Parti de la justice et du développement, a choisi de prendre ses distances avec l’approche gouvernementale, annoncée par Saad Dine Othmani et son équipe, décrite comme une politique de la rigueur à outrance, et qui est de plus en plus contestée par les économistes, perçue comme une entrave à la reprise et dénoncée pour ses retombées sociales à long terme.
Le langage du syndicat semble plus critique à l’égard des options gouvernementales, qui n’avaient trouvé aucun moyen de contourner la situation de crise autre que l’approche d’austérité afin de garantir les équilibres macroéconomiques classiques dans le cadre d’une comptabilité traditionnelle. Le budget voté, dénoncé comme « antisocial », multiplie les coupes dans les ressources de plusieurs secteurs.
Dans un mémorandum soumis au Premier ministre, l’UNTM a appelé à aller vers le contrôle des équilibres « macro-sociaux » afin de maintenir la cohésion sociale et la solidarité entre toutes les couches, pour surmonter la crise selon une approche thématique qui couvre les questions de revenu, de pauvreté et d’inclusion dans les activités et le travail, l’égalité des sexes et la santé.
L’UMTM a souligné que l’économie nationale subit de profonds changements, imposant une cessation de l’importation de ce qui peut être produit localement malgré son coût élevé, ce qui créerait et maintiendrait de nouveaux emplois, fournirait de la monnaie forte, s’appuierait sur des capacités internes et réduirait la dépendance du Maroc à l’égard de la production de nombreux biens et services, en particulier ceux de la sécurité alimentaire ainsi que les produits pharmaceutiques.
L’UMTM a affirmé qu’il faut maintenir hors d’atteinte les ressources allouées aux programmes sociaux (Initiative nationale pour le développement humain, le programme Ramid, les bourses scolaires et universitaires, le soutien aux femmes veuves et aux personnes handicapées …) et étudier la possibilité de les augmenter en tant que priorité nationale majeure, et de continuer à soutenir le système de santé et de le développer en fonction des défis urgents, que ce soit en lui fournissant de nouvelles garanties financières pour renforcer le capital humain, ou en élevant le niveau de gouvernance dans la gestion de ses affaires, et en accordant des fonds adéquats pour gérer la phase exceptionnelle de manière à assurer la sécurité hospitalière et préventive.
Le syndicat s’est accroché à la nécessité de remplir les obligations du gouvernement et des partenaires sociaux citées dans l’accord du 25 avril 2019 résultant du dialogue entamé, tout en continuant à fournir un soutien continu aux employés du secteur privé dont les contrats ont été suspendus en raison de la crise sanitaire, tout en soulignant la nécessité de maintenir des postes financiers. Soutenir le cycle économique, réduire les taux de chômage et maintenir le rythme de l’emploi public.
Soucieux de l’importance de la relance du cycle économique, le Syndicat national du travail, dans sa note, a demandé de reporter l’exécution des obligations financières de certains contrats de transport, qui souffrent du manque de recouvrement de leurs cotisations financières, et d’exempter les professionnels du secteur des transports d’honorer la deuxième partie de la taxe sur les voitures pour cette année ou pour la première partie de l’année prochaine.
Le syndicat n’a pas manqué d’enregistrer l’écart grandissant entre les les efforts d’investissement de l’État et le niveau de vie des citoyens, soulignant que l’entrée sociale est une entrée originale pour remédier aux déséquilibres observés, appelant à lier les différentes stratégies à la dimension sociale, à travers une éducation équitable de qualité et une politique de santé qui inclut tout le monde. L’UMTM appelle à préparer des programmes de logement qui prennent en compte le facteur d’inclusion sociale, tout en créant une nouvelle dynamique sur le marché du travail en développant un système de formation professionnelle prenant en considération l’esprit d’entreprise.