Face aux radicaux de Podemos, le socialiste Pedro Sánchez n’obtient pas une alliance à gauche et rate son investiture en Espagne. En cas de désaccords persistants dans les deux mois qui viennent, les urnes seront à nouveau ouvertes à Madrid le 10 novembre.
L’Espagne ne parvient toujours pas à se doter d’un gouvernement après l’échec de Pedro Sanchez. Ce dernier n’a pas été reconduit jeudi à la tête du gouvernement, pour une deuxième fois. Les radicaux de Podemos ont encore refusé d’apporter leur soutien pour former une coalition avec le Parti socialiste.
Certains jugent que les exigences de Podemos sont «inacceptables», surtout en terme de répartition du portefeuille ministériel. Le Parti socialiste aura jusqu’au 23 septembre pour gagner la confiance du Parlement sinon les Espagnols retourneront aux urnes le 10 novembre.
«Marchandages, bluffs, trahisons, retournements de dernière minute : l’Espagne a vécu ces dernières semaines un feuilleton politique aussi haletant que les séries qu’affectionne Pablo Iglesias [leader de parti de Podemos]» a lâché le journal le Parisien. En effet, faute d’être parvenu à s’entendre avec la gauche radicale pour former un gouvernement de coalition, le chef du gouvernement, le socialiste Pedro Sánchez, s’est vu refuser la confiance des députés pour rester au pouvoir.
Il a deux mois pour retenter sa chance, faute de quoi les Espagnols retourneront aux urnes en novembre. Pour Podemos, il s’agissait de tirer le maximum de la négociation et de vendre le plus cher possible ses 42 voix, indispensables pour que Sánchez reste à la Moncloa, le siège du gouvernement à Madrid.
En février 2018, grâce aux votes en sa faveur des anciens centristes de Ciudadanos, Sánchez était pourtant arrivé à la tête du gouvernement espagnol. Selon l’AFP, «la plupart des observateurs soulignent l’irréalisme de la ligne dure du couple Iglesias-Montero, incarnée par le négociateur Pablo Echenique, numéro 3 de la formation». Ce qui empêche Sánchez à dérouler un nouveau mandat.
Podemos a précisé, en s’abstenant du vote d’investiture jeudi, que la porte des négociations n’était pas fermée alors que Sánchez n’est point partant pour un nouveau tour de table. Ce dernier espérait une investiture presque «gratuite», selon le Monde.
Après les élections législatives du 28 avril, qui ont vu Pedro Sanchez arriver en tête avec 28 % des voix et 123 des 350 sièges au Parlement espagnol, les socialistes ont très peu avancé dans les négociations. Attendant le résultat des élections locales et européennes du 26 mai, puis la formation des gouvernements locaux le 15 juin, ils ont laissé filer le temps, convaincus que le fait qu’il n’y ait «aucun autre gouvernement possible» suffisait à leur garantir l’investiture.
Aussi le Parti populaire était arrivé en seconde position, très loin derrière, avec seulement 66 députés. Dans un premier temps, Pedro Sanchez s’est donc contenté de réunions avec les dirigeants des partis pour leur demander de ne «pas bloquer l’investiture», et pour cela de s’abstenir lors du vote.
Sans succès, ce n’est que près de quatre-vingts jours plus tard, à la veille de la première session d’investiture, que les négociations entre le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) et Podemos ont commencé sérieusement. Elles ont duré à peine une vingtaine d’heures. Trop peu pour parvenir à trouver un accord.
Le pari d’un retour aux urnes est risqué pour la gauche, et les deux parties n’ont pas manqué de s’accuser mutuellement de l’échec de l’investiture. En novembre, leurs électeurs risquent d’être lassés et démobilisés face à cette répétition des législatives, les quatrièmes en quatre ans. Et Podemos pourrait payer la facture la plus lourde : une partie des militants met en cause la «stratégie du pire de la direction».
L’Espagne n’est pas habituée aux coalitions de gouvernement, depuis le retour à la démocratie en 1977, le pouvoir a été assumé alternativement par la droite et le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE).