Marrakech abrite la deuxième édition de la plateforme privilégiée d’échanges entre l’Afrique et l’Union européenne, EU-Africa Business Summit les 28 et 29 novembre. Cette édition est consacrée à l’industrialisation et au développement des chaines de valeur, au développement rural et à l’agriculture, aux challenges de la digitalisation ainsi qu’aux opportunités d’investissement dans les énergies renouvelables en Afrique. Reportage.
Plus de 300 participants se sont réunis à Marrakech les 28 et 29 novembre pour discuter et débattre des opportunités d’investissements et de la mise en place de partenariats durables entre l’Afrique et l’Europe. Le EU-Africa Business Summit intervient à un moment où la nature du partenariat entre les deux continents ne peut qu’évoluer vers une relation plus équilibrée. Si l’Europe est pour l’Afrique une source de financement, l’Afrique constitue pour l’Europe un gisement de ressources.
Le modèle qui lie l’Europe et l’Afrique est à bout de souffle et il ne permettra pas de faire face aux défis de demain. Ainsi, l’Europe et l’Afrique ont tout intérêt à redéfinir leur partenariat. Pour Saadia Slaoui Bennani, membre de la CGEM (Confédération générale des entreprises du Maroc), les deux continents doivent changer leurs paradigmes et leur perception des relations entre l’Afrique et l’Europe. « En l’absence de l’instauration d’un nouveau modèle, les risques sont colossaux pour les deux continents. D’ailleurs, il se trouve que la conjoncture actuelle est particulièrement propice pour redéfinir des relations entre les deux continents. Lors du Forum de haut niveau Afrique-Europe en septembre 2018, la Commission Européenne avait plaidé pour « une nouvelle alliance Afrique-Europe » qui doit articuler les investissements autour de quatre axes : création d’emplois, éducation, environnement des entreprises, intégration économique et échanges ».
En outre, Mme Bennani a noté que la nouvelle alliance doit être idéalement portée par le secteur privé. En effet, le besoin de financement de ces chantiers doit être assuré par les marchés de capitaux et des investissements privés et non-plus reposer uniquement sur de la dette. « Il y a en effet dans ces défis à relever autant d’opportunités commerciales, de voies de croissances potentielles, et des millions d’emplois structurés à créer », a-t-elle relevé.
Dans ce contexte, Mohamed Bachiri, Président par intérim de la CGEM, a fait savoir qu’au Maroc, une expérience dans la co-gestion entre le public et le privé d’instituts de formation professionnelle, comme les exemples dans l’automobile et l’aéronautique a été initiée. « Il va sans dire que nous mettons cette expérience à disposition de nos pays amis africains. Le problème avec cette demande, c’est qu’elle ne représente pas toute la demande en compétences qui est faite à la population de nos jeunes. Il faudra y ajouter la demande qui vient des pays développés, notamment européens, qui viennent chercher des compétences prêtes à travailler. Et comme nous le savons tous, nos jeunes partent facilement quand ils ont des offres intéressantes ».
Par ailleurs, un dialogue stratégique a été organisé aujourd’hui en marge de cette grand-messe africaine. Il a réuni les présidents et représentants des patronats présents à cet événement. Présidée par Laâziz El Kadiri, Président de la commission « Diplomatie économique, Afrique et Sud-Sud » à la CGEM, cette rencontre a permis de discuter des moyens de renforcer davantage les relations de coopération et de créer une nouvelle impulsion forte entre les communautés d’affaires du continent en faveur de son développement économique et social. Les représentants des patronats présents à cette séance de travail ont ainsi décidé de lancer la Coalition Business Afrique (CBA). Il s’agit d’une task force panafricaine qui oeuvrera pour fédérer l’ensemble des acteurs économiques du continent autour d’une vision et d’une stratégie de développement communes.
Dans une déclaration à la presse, le Président de la Commission Diplomatie économique, Afrique et Sud-Sud, initiatrice de ce projet, a indiqué que la CBA compte s’ouvrir à l’ensemble des acteurs économiques privés africains afin de porter leur voix et défendre leurs intérêts, notamment en étant un interlocuteur fort, exigeant et à l’écoute face aux institutions africaines et internationales. La Coalition Business Afrique aura donc des discussions avec Business Europe, association patronale européenne qui défend les intérêts des employeurs privés auprès de l’UE, en vue de lancer un dialogue entre les deux groupements qui portera sur les étapes de développement de la CBA et la mise en oeuvre de sa feuille de route.
A noter que la relation entre l’Afrique et l’Europe est historique et déjà forte. En effet, selon le FMI (Fonds monétaire international), l’Europe est le premier partenaire commercial de l’Afrique avec 36% des échanges, soit 243,5 milliards d’euros en 2017. En outre, le secteur privé européen représente plus de 40% des Investissements directs étrangers (IDE) en Afrique, soit 291 milliards d’euros.








