L’enquête ouverte par la justice espagnole sur la mort d’au moins 23 migrants africains ayant tenté de pénétrer fin juin dans la cité de Melilla a été classée sans suite, faute d’éléments suffisants contre les forces de l’ordre espagnoles.
« Le parquet a classé l’enquête » sur ce drame ayant provoqué l’indignation internationale, car il n’a « pas identifié de signes de délit dans les agissements des agents des forces de sécurité » espagnoles, a annoncé vendredi le ministère public.
« On ne peut pas conclure que l’action des agents ait augmenté le risque pesant sur la vie et l’intégrité physique des migrants et on ne peut donc pas les inculper d’homicide involontaire », a-t-il ajouté dans un communiqué.
Selon le parquet, « aucun des agents n’a eu connaissance » de la chute de migrants les uns sur les autres depuis la clôture » et de ses conséquences fatales », et n’a su « qu’il y avait des personnes en situation de risque qui nécessitaient de l’aide ».
D’après les éléments rassemblés durant les six mois d’enquête, « l’attitude des migrants » a été « constamment hostile et violente, envers les agents marocains et espagnols », souligne-t-il par ailleurs.
Le parquet précise toutefois avoir transmis aux responsables des forces de sécurité des éléments pour d’éventuelles poursuites disciplinaires contre des agents suspectés d’avoir jeté des pierres sur des migrants.
Il appelle en outre les autorités espagnoles à « mettre en œuvre les mesures nécessaires » afin que les migrants puissent déposer des demandes d’asile en bonne et due forme et n’aient plus à tenter de franchir la frontière illégalement.
Le 24 juin, près de 2.000 clandestins, en majorité originaires du Soudan avaient tenté de pénétrer dans la cité de Melilla, située sur la côte nord du Maroc.
Selon les autorités marocaines, au moins 23 migrants sont morts dans cette tragédie qui représente le bilan humain le plus lourd jamais enregistré lors des tentatives d’intrusion de migrants.
Plusieurs ONG avaient aussi accusé les forces de l’ordre espagnoles de ne pas avoir prêté assistance aux migrants gravement blessés.
Elles avaient notamment conclu à la mort d’au moins un migrant en territoire espagnol, ce que le ministre de l’Intérieur espagnol a catégoriquement nié à plusieurs reprises.
Le Défenseur des droits espagnol, qui enquête aussi sur ces faits, a toutefois jugé que les explications du ministère de l’Intérieur n’avaient « pas été suffisantes » jusqu’ici.