Le PJD exerce un contre-pouvoir politique contre lui-même mais en caricaturant des thèmes très sérieux. Le 10 décembre, au Parlement et face à El Othmani, Abdelilah El Halouti, patron de l’UNTM, syndicat affilié au parti islamiste, a multiplié approximations et récriminations sur la situation des droits humains au Maroc. Sectaire, dogmatique et idéologique, il n’a défendu que les intérêts de sa faction.
Le PJD est déchiré entre l’opposition politique, la politique d’opposition et la gestion hasardeuse des affaires publiques. La Chambre des conseillers a abrité, mardi, la séance mensuelle consacrée aux réponses apportées par le chef du gouvernement aux questions relatives à la politique générale. À l’ordre du jour figurait, entre autres, «la politique générale de l’État en matière des droits de l’Homme».
Abdelilah El Halouti, deuxième vice-président de la chambre haute du Parlement et secrétaire général de l’Union nationale du travail au Maroc (UNTM), s’est démarqué par une intervention pour le moins surprenante. Il a déclaré que le développement qu’a connu le Maroc en matière droits de l’Homme «ne doit pas occulter certaines défaillances attentatoires à l’image du Royaume», évoquant «l’instrumentalisation de justice pour régler des comptes, comme l’illustre le procès de Abdelali Hamieddine» poursuivi pour «participation à un homicide volontaire» dans un dossier datant de 1993.» Face à un El Othmani médusé, El Halouti a présenté le gouvernement sous l’habit d’une officine apparaissant comme un instrument d’intimidation dont l’objectif vise briser les voix dissidentes.
Lors de son exposé, Abdelilah El Halouti a évoqué le procès du haut responsable de son parti, Abdelali Hamieddine, soupçonné d’avoir participé «à une rixe au cours de laquelle sont exercées des violences ayant entraîné la mort» et dont l’affaire a été rouverte en 2017 à la demande des proches de Ait Ljid qui ont déposé une plainte. Pour rappel, le juge d’instruction a décidé de poursuivre Hamieddine, en requalifiant les faits, pour «participation à un homicide volontaire». Halouti a, à ce propos, qualifié la justice d’être à la botte de pouvoirs occultes. La justice, « soumise aux instructions qui viennent d’en-haut», ainsi qu’il l’énonce ? Ainsi son intervention pourrait se traduire de la manière suivante : le chef du gouvernement n’a pas suffisamment défendu le fondement juridique des droits ; la justice comme condition de la liberté ; et le fonctionnement de magistrature marocaine. Ce député semble être sur de l’innocence de Hamieddine sur des faits qui remontent à plus d’un quart de siècle.
Ne se contentant pas de ce réquisitoire, Halouti harangue l’assemblée sur les tensions qu’a connues El Hoceima à la suite de la mort accidentelle d’un jeune vendeur de poissons, écrasé dans un compacteur de déchets. Le dirigeant syndical dénonce donc l’approche des autorités face aux manifestants qui réclamaient «plus de justice sociale». Quant aux commerces pillés, aux établissements publics, hôtels et voitures de police saccagés, on repassera. Dans le même intervalle, il a accusé «la presse à sensation» de proposer un ensemble de discours plus ou moins tendancieux autour de ces événements et de charger les «figures de la contestation», affirmant que leur dossier «a été entaché d’irrégularités» réclamant «l’ouverture d’une enquête les allégations de torture invoquées par les détenus dans le cadre de cette affaire. Bien que le dernier rapport du CNDH qui les nie.
Tout en vilipendant les procédures engagées contre le noyau dur des émeutes d’El Hoceima ayant inculpé d’affilée plusieurs accusés, Halouti a dénoncé «l’expulsion» de certains membres d’Al Adl wal Ihssane de la fonction publique. Voulant certainement refaire la virginité de ce mouvement extrémiste. Abdelilah El Halouti, qui s’est soudain doté d’une culture humaniste, a épargné son parti qui a multiplié tâtonnements, hésitations, indécisions, gaffes en matière de droits humains et validation à un mouvement extrême, violent et lié à des activités terroristes. Quant à sa défense des droits et libertés, elle a été faite sous l’influence d’événements par rapport à sa formation politique : tranchons le mot, par esprit de clan. Tout ce cocktail devant un El Othmani sà la répartie assez timide, comme s’il adoubait le fait que les pjdistes soient dans et hors le gouvernement.