Loin d’être satisfaits des solutions proposées par le gouvernement, une grande partie des étudiants des facultés de médecine et de pharmacie maintiennent leur mouvement de boycott, qui dure depuis près de sept mois. Après le large boycott des examens du 26 juin, ils envisagent de nouvelles actions de mobilisation pour faire entendre leur voix. Le scénario d’une année blanche n’est plus une vue d’esprit.
Si le gouvernement assure avoir répondu favorablement à la quasi-totalité des revendications des étudiants, ceux-ci demeurent intransigeants sur deux points: la réduction de la durée de formation à six ans, au lieu de sept ans, et l’augmentation du nombre des places pédagogiques. En somme, ils rejettent l’essentiel de la réforme voulue par l’exécutif.
Le comité national des étudiants de médecine et de médecine dentaire a lancé, dimanche 7 juillet, une série de mobilisations dans plusieurs villes, qui se poursuivront durant les prochains jours. L’objectif est de dénoncer «l’obstination irresponsable» du ministre de l’enseignement supérieur, malgré «la volonté sincère» des étudiants de trouver des solutions urgentes pour sauver l’année scolaire et mettre en place une formation académique qualitative.
Dans un communiqué, le communiqué se défend «de tout caractère politique» de ce mouvement, qui est «le résultat d’accumulations et de dépassements sans rapport avec la réforme effective». Le maintien du boycott «ne signifie pas que les étudiants acceptent l’idée de l’année blanche, mais ils sont convaincus de leur victoire (finale) et de la légitimité de leurs revendications».
«La poursuite des restrictions, les suspensions allant jusqu’à deux ans, les exclusions définitives de l’université et la dissolution de leurs représentations démontrent que le ministère a choisi la confrontation avec les étudiants, au lieu de les parrainer et de les traiter comme des jeunes conscients soucieux de la réforme du système de formation», a fait remarquer le comité.
De son côté, le gouvernement a affirmé, dans une précédente mise au point, qu’il assume la pleine responsabilité de garantir la qualité de la formation en médecine dans le Royaume, tout en appelant l’ensemble des parties, notamment les étudiants, leurs parents et leurs tuteurs, à assumer leurs responsabilités dans ce dossier, qui ne devrait pas déborder au-delà de son caractère éducatif et pédagogique.
Le ministre de l’Enseignement supérieur, Abdellatif Miraoui, avait défendu la réforme en expliquant que le système des six ans est en vigueur dans d’autres pays tels que l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne et l’Irlande, tandis que les États-Unis ont une formation de quatre ans plus quatre ans de spécialisation. La France et certains pays francophones conservent le modèle de sept ans.
Quant à l’augmentation du nombre des places pédagogiques, le gouvernement affirme que cette démarche est devenue une nécessité pour une mise en œuvre optimale du chantier royal de généralisation de la protection sociale.
Dans le souci d’accompagner les réformes envisagées à compter de l’année scolaire 2024/2025 et concernant les étudiants inscrits à partir de septembre 2024, le ministère prévoit l’expansion des formations pour inclure les centres hospitaliers régionaux et provinciaux, l’ouverture aux établissements de santé privés, et l’augmentation du nombre de postes budgétaires alloués, ainsi que la réduction du ratio étudiant-professeur.
De plus, le ministère a travaillé sur trois projets de décrets en collaboration avec d’autres secteurs gouvernementaux et les parties prenantes, concernant le statut des responsables de formation dans les institutions de santé, les commissions régionales paritaires pour la formation aux métiers de la santé, et le statut des étudiants externes, internes et résidents dans les centres hospitaliers.
En avril, la coordination sectorielle du Syndicat national de l’enseignement supérieur (SNESup) a souligné que tout débat autour des aspects pédagogiques «est une affaire purement académique qui relève de la compétence des enseignants, qui ne peut faire l’objet d’une transaction ou qui peut être confiée à des commissions non spécialisées, que ce soit pour la question des années de formation, son contenu ou le système d’évaluation.»
Le SNESup avait appelé notamment les étudiants «à faire triompher la voix de la raison et à ne pas se laisser guider par des considérations quantitative, au détriment des aspects qualitatifs».