Selon le diagnostic économique annuel du CESE, la première phase de flexibilisation du régime de change au Maroc, qui s’est étalée sur deux ans, s’est plutôt bien déroulée.
Le cours du dirham n’a pas connu de forte volatilité et a continué à évoluer à l’intérieur de la bande de fluctuation prévue. La bonne marche de la première phase a amené les autorités concernées à entamer la deuxième étape du processus à partir du mois de mars 2020, en procédant à un élargissement des bandes à +/- 5%.
En dépit de la stabilité du marché de change durant la première phase, force est de constater que l’orientation du taux de change effectif nominal sur la période 2018 – 2019, ne va pas dans le sens des résultats attendus, en théorie, du passage à un régime plus flexible avec un effet favorable sur la compétitivité des exportations et une plus grande capacité à absorber les chocs réels. En effet, avec un taux de change plus flexible, et suite à une dégradation de la balance commerciale, la monnaie est censée se déprécier pour absorber le choc, rendant ainsi les exportations plus compétitives.
Or, sur les deux dernières années, et malgré une détérioration du déficit commercial et du déficit courant par rapport à 2017, dernière année avant l’amorçage du processus de flexibilisation, le taux de change effectif nominal a connu, au contraire, une appréciation quasi-continue jusqu’à fin 2019, soit une hausse cumulée de +4,196 sur les deux dernières années (graphique suivant). L’absence de mouvement de dépréciation significatif au niveau du taux d nominal du dirham peut être attribuée à un effet combiné d’un certain nombre de facteurs. D’un côté, il y a lieu de citer l’effet de l’offre et de la demande sur le marché de change, la disponibilité de devises chez les banques étant demeurée dans l’ensemble acceptable au cours des deux dernières années. En effet, les banques ont enregistré la plupart du temps des positions de change dites longues sur la période 2018 – 2019.
D’un autre côté, l’afflux important d’IDE en 2018 (+31,396) et l’opération d’emprunt public initiée sur le marché International en 2019, ont permis d’envoyer un signal aux acteurs du marché par rapport à la disponibilité d’un stock suffisant de réserves en devises étrangères, empêchant ainsi la formation de tensions sur la monnaie nationale. Néanmoins, dans un contexte de détérioration des perspectives économiques, en lien avec la
crise de la Covid-19 qui laisse présager une dégradation du solde du compte courant (baisse drastique des recettes de voyage et des transferts de MRE) et un net ralentissement des flux d’IDE, cette tendance à l’appréciation devrait s’inverser.






