Fin février, la CAF avait annoncé la levée de l’embargo imposé depuis 2014 pour des raisons de sécurité. Jeudi, la sélection nationale s’est inclinée face à la Tunisie.
«L’ambiance est à la fête !», sourit Hani, un quadragénaire de Benghazi, la deuxième ville de Libye. Après un long embargo footballistique, la sélection nationale a disputé, jeudi 25 mars, le premier match international sur son sol depuis sept ans. «Cela nous donne de l’espoir. Nous avons grandement besoin de ces moments de joie», lance le supporter. Après une longue absence, il est «heureux» de revoir les «Chevaliers de la Méditerranée» (le surnom de la sélection libyenne) fouler de nouveau un stade du pays.
Et peu importe la large défaite jeudi soir face au voisin tunisien (5-2), synonyme de non-qualification pour la prochaine Coupe d’Afrique des nations (CAN), qui aura lieu au Cameroun en janvier 2022. La Tunisie avait, elle, déjà validé son ticket avant la rencontre.
C’est le stade de Benghazi (est), berceau de la révolution de 2011, qui a abrité cette première rencontre depuis la levée de l’embargo imposé par la Confédération africaine de football (CAF) pour des raisons de sécurité. Depuis le début de la deuxième guerre civile libyenne en 2014, les clubs du pays ainsi que la sélection ont disputé leurs matchs internationaux à l’étranger, principalement chez leurs voisins tunisien et égyptien.
La fin des restrictions intervient au moment où la Libye essaye de tourner la page d’une décennie de chaos. Englué dans les divisions après la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, le pays vient en effet de se doter, au terme d’un processus chapeauté par l’ONU, d’un gouvernement unifié chargé de mener la transition jusqu’à des élections nationales fin décembre.
«Nous sommes fatigués des divisions»
C’est dans le sillage de cette embellie politique que la CAF a annoncé fin février la levée des restrictions. «Il nous appartient de continuer de démontrer que nos stades sont sûrs», avait ensuite réagi le nouveau premier ministre, Abdelhamid Dbeibah, chargé de mener la transition jusqu’à des élections nationales fin décembre. Lui-même avait dirigé le club tripolitain d’Al-Ittihad après la révolte de 2011.
Faute de retrouver les gradins – la rencontre s’est déroulée sans public à cause des restrictions sanitaires liées à la Covid-19 –, de nombreux supporters ont investi les multiples cafés diffusant le match, comme ceux situés au pied d’un imposant palais ottoman dans le centre-ville de Benghazi. Revoir l’équipe nationale jouer sur son sol «nous fait oublier les guerres et nous donne une énergie positive », souffle un supporter attablé dans un de ses cafés. «C’est une bonne nouvelle pour toute la Libye. En plus l’équipe a bien joué», l’interrompt son compagnon.
A Tripoli, le match a été diffusé sur un écran géant installé place des Martyrs, vaste esplanade bordée de palmiers et de bâtiments à l’architecture italienne au cœur de la capitale, autrefois appelée «place Verte». Kadhafi aimait y prononcer des discours. «Les matchs internationaux de la sélection nous ont beaucoup manqué, sourit Hafed, un Tripolitain sexagénaire. Le mot “national” prend tout son sens aujourd’hui, parce que nous sommes fatigués des divisions.»
«C’est un événement important, lance Adel, lui aussi de Tripoli. Voir des joueurs sélectionnés provenant des différentes régions, villes et communautés libyennes est une preuve de notre cohésion.»