Foreign Policy, le prestigieux magazine américain bimestriel, affirme que ce pouvoir gérontocratique et nécropolitique dont Abdelmadjid Tebboune est l’actuel symbole n’est pas vivable.
«Les longues absences pour cause de maladie de l’ancien président algérien Abdelaziz Bouteflika au cours des dernières années de son règne ont fait de lui la cible de plaisanteries et ont alimenté des rumeurs répétées sur sa mort. Ainsi, lorsqu’il est décédé le 17 septembre à l’âge de 84 ans, plusieurs médias algériens ont commencé leurs nécrologies en déclarant que, cette fois, c’était vrai» a écrit Foreign Policy dans un édito au vitriol.
«Bouteflika, qui a régné pendant 20 ans avant d’être chassé du pouvoir par des manifestations populaires en 2019, a laissé un pays en ruine. Certes, tous les malheurs actuels de l’Algérie ne lui sont pas imputables. Mais Bouteflika était là au début – lorsqu’une nation dynamique et nouvellement indépendante a vu son destin se transformer en autocratie militaire – et un demi-siècle plus tard, lorsqu’il a dirigé le régime qui a suivi, incapable de transformer la richesse pétrolière de l’Algérie en prospérité. Tout au long de sa carrière, Bouteflika a été à la fois un produit du système dirigeant de son pays et une source de ses échecs» analyse le magazine.
«Le règne avorté de Bouteflika a représenté le coup final porté au lambeau de légitimité revendiquée par le régime opaque de l’Algérie. Depuis la chute de Bouteflika il y a deux ans, les dirigeants du pays n’ont pas été en mesure de rétablir le vernis de stabilité sur lequel ils comptaient pour renforcer le système pendant des décennies. Et alors qu’une nouvelle génération d’Algériens descend dans la rue – remettant en question le statu quo de manière sans précédent – une seule chose est certaine quant à l’avenir du pays : ce sont les échecs de l’ère Bouteflika qui les ont amenés ici» précise la magazine américain.
Depuis son indépendance, l’Algérie a été dirigée par «un régime autoritaire, composé d’hommes qui avaient pour la plupart attendu la fin de la guerre à l’étranger puis abandonné tout engagement en faveur du pluralisme politique pour prendre le pouvoir à leur retour» a-t-on souligné.
Pour le magazine, «le système de régime militaire à parti unique du pays a craqué à cause de la crise économique et des bouleversements sociaux qui en ont résulté à la fin des années 1980. En réponse, les généraux au pouvoir ont permis à d’autres partis de concourir aux élections contre le FLN pour créer un semblant de pluralisme politique. En réalité, ils tiraient encore les ficelles.»