Burlesque, saugrenue, grotesque, la situation politique au Maroc marquée par l’absence d’un gouvernement depuis le 7 octobre dernier, a de quoi faire rire et pleurer en même temps, et paradoxalement, elle ne semble susciter aucune inquiétude de la part de nos hommes politiques qui ont atteint leur objectif: se faire élire. Quant aux citoyens, en particulier les électeurs qui ont voté pour ces gens là, ils semblent s’en accommoder.
En attendant, le chef du Gouvernement désigné Abdelilah Benkirane continue de scruter l’horizon à la recherche de ce mirage qu’est Aziz Akhannouch, tombé du ciel sans crier gare, fort de sa fortune colossale et du soutien des « forces tapies dans l’ombre » comme se plaisent à dire ses détracteurs.
Akhannouch continue donc de tenir la dragée haute à Benkirane alors que ce dernier lui court toujours après, le courtise et l’implore même de faire partie de son équipe au risque de voir ses prérogatives réduites comme peau de chagrin. Ces deux hommes qui tiennent en otage tout un peuple et certaines des institutions du pays, se plaisent à « échanger » à coups de communiqués et de conférences de presse, question d’alimenter la Une des journaux et des sites électroniques.
Leur omniprésence sur la scène médiatique a fini par éclipser les dirigeants des autres formations politiques placés, malgré eux, en mode pause dans la « salle d’attente », au risque de se voir oublier de l’opinion publique. Ce que ne veut pas faire un certain Driss Lachgar de l’USFP, qui, de temps à autre, fait du tapage, beaucoup de bruit pour se faire entendre. Cet homme par qui le « blocage » est arrivé, selon Benkirane, a réussi un tant soit peu à tirer son épingle du jeu en casant le dinosaure Habib El Malki au perchoir de la Chambre des représentants à la faveur d’une cacophonie et une urgence pour la ratification de l’Acte constitutif de l’Union Africaine, sans laquelle, le Maroc n’aurait pas pu intégrer cette organisation continentale, et sans laquelle il (El Malki) ne serait pas en train de se balader à travers le monde.
« Nous avons réussi à réaliser notre ambition », reconnait Lachgar lors d’une récente sortie médiatique, en attendant l’autre ambition, celle de faire partie du gouvernement, soucieux qu’il est de servir « l’intérêt de la nation », une expression qui, une fois décodée, veut dire servir ses propres intérêts.
Lachgar et son tuteur Akhannouch ont réussi tout de même à débarrasser un hypothétique gouvernement du trublion devenu « paria », Hamid Chabat, dirigeant de l’Istiqlal, affaiblissant davantage Abdelilah Benkirane. Ce dernier continue de scruter l’horizon dans l’attente d’une bouée de sauvetage de la part du chef de l’Etat, le roi Mohammed VI, son dernier recours pour, soit réaliser enfin la mission pour laquelle il a été élu et désigné, soit rendre les clés.
Dans les deux cas, ce feuilleton de formation du gouvernement, et surtout son épisode Benkirane-Akhannouch, ont fini par dégoûter les marocains qui se sentent trahis, voire méprisés, et qui ne manqueront certainement pas de leur rendre la pareille … lors des prochaines élections.