Annoncé avec grand bruit et grandes fanfares depuis plusieurs semaines, le Forum africain d’investissements et d’affaires qui s’est achevé, ce lundi 5 décembre, à Alger a fini en queue de poisson, à la désagréable surprise des participants venus de plusieurs pays africains en quête d’une opportunité d’affaires dans un pays où l’improvisation n’a d’égale que la nature du régime.
La cacophonie qui a régné en maître lors de ces assises, illustre bien à quel point les autorités algériennes qui, à force de braquer un regard envieux sur leurs voisins de l’ouest, en l’occurrence le Maroc, et en ayant recours à tous les moyens et les subterfuges pour convaincre le monde du rôle de « leadership » que s’octroie ce pays, finissent toujours par tomber dans le ridicule.
Et comme le souligne une bonne partie de la presse algérienne dont le site TSA, ce forum a fini comme il a commencé: dans un malaise que les organisateurs avaient beaucoup de mal à camoufler. Il faut dire que la bourde du premier ministre Abdelmalek Sellal qui s’est retiré lors de la séance d’ouverture, avait de quoi susciter des inquiétudes au sein des participants qui croyaient avoir affaire à un Etat solide et bien organisé à la hauteur de cet événement.
Il n’y a que Dieu qui ne fait pas d’erreurs
Aux interrogations sur le retrait du Premier ministre et du gouvernement, un responsable du ministère des affaires étrangères s’est voulu rassurant: « Il n’y a aucun problème. Essayez de positiver ». C’est ce qu’a d’ailleurs essayé de faire le président du Forum des chefs d’entreprise (FCE) Ali Haddad qui, en guise de discours de clôture, comme le rapporte le site TSA, a commencé par une allusion à l’incident de samedi. « Quand on commet des erreurs, il faut le dire et apprendre. Il faut les corriger et les assumer. Il n’y a que Dieu qui ne fait pas d’erreurs », a-t-il expliqué avant de pointer encore une fois d’un doigt accusateur l’animatrice désignée par le ministère des Affaires étrangères qui aurait, selon Haddad, omis d’annoncer le retrait du premier ministre, Abdelmalek Sellal après son allocution. Il fallait un bouc-émissaire, et ils l’ont vite trouvé en la personne de cette pauvre animatrice qui a certainement perdu le sommeil depuis. En attendant, on comprend mal comment tout un gouvernement, le patron des chefs d’entreprise, les organisateurs etc.. puissent faire capoter eux mêmes un événement qu’ils voulaient grandiose.
Faire bon cœur contre mauvaise fortune
« Ce forum est une réussite. Il faut applaudir très fort le gouvernement qui nous a soutenus dans son organisation », a osé affirmer Ali Haddad avant de se livre, toujours selon TSA, r à un véritable show en évoquant le président Abdelaziz Bouteflika. « Ce forum a eu le privilège d’être placé sous le haut patronage du président de la République. Et cette infrastructure (le CIC) a été réalisée grâce au grand Moudjahid, le président Bouteflika », a-t-il précisé avant de demander aux présents de se lever pour applaudir. « Levez-vous ! Levez-vous ! Levez-vous ». C’est d’ailleurs ce que les participants et invités ont du faire finalement, se lever, non pas pour saluer « le grand moujahid » Bouteflika, mais pour rentrer chez eux dare-dare.
Le comble, à en croire la presse, c’est que, ni le patron du FCE, ni les autorités ne veulent admettre la responsabilité de cet échec, préférant la rejetant sur la pauvre animatrice. Accablée par tous, cette dernière n’a pas non plus échappé au patron d’Africa 24, venu à la rescousse de celui du FCE. Après s’en être pris aux journalistes et à la presse algérienne leur reprochant le traitement médiatique réservé au Forum, affirmant au passage que le retrait du Premier ministre algérien « n’est pas un incident », Constant Nemale a, selon TSA, décrit par la suite de manière complètement indécente l’animatrice qui est cadre au ministère des Affaires étrangères. Une jeune fille qui « tremblait » et avec qui il a passé « « 30 minutes » pour la « déstresser ». « Je lui ai même promis de lui trouver un mari ! », lâche-t-il provoquant un certain malaise dans la salle.
Il venait ainsi d’enfoncer le dernier clou dans le cercueil de ce grand » événement économique » qu’est le Forum africain d’investissement. Une rencontre qui, en fait, est perçue comme une sorte de réaction à l’offensive économique notamment, menée par le Maroc et son roi dans le continent. Et c’est un secret de polichinelle que de dire que la nomenklatura d’Alger n’a pas apprécié du bon œil cette offensive royale, comme l’a d’ailleurs déclaré le roi Mohammed VI selon lequel, la présence marocaine en Afrique et, particulièrement, la tournée qu’il effectue dans certains pays de ce continent « en ce moment déplaisent à certains ».






