La France ne peut pas prétendre que nos différends avec elle sont réglés, et elle doit savoir que le Maroc «considérait cette affaire comme étant franco-française». Celui qui souffle la poussière s’en remplit les yeux.
La ministre française des Affaires étrangères, en visite au Maroc, a annoncé vendredi la fin de la crise sur les visas qui empoisonnait depuis plus d’un an les relations entre les deux pays, et ce après de rapides consultations. Les médias officiels français ont applaudi ce qu’ils considéraient comme un exploit. La réalité de nos divergences fondamentales avec la France n’a rien à voir avec la question des visas, et toutes les questions pendantes restent suspendues pour que la France ou d’autres prétendent que la chaleur est revenue dans les relations bilatérales.
Il ne fait aucun doute que le Maroc a été clair dès le début sur la question de la réduction des visas accordés aux Marocains désireux de se rendre en France. Il a considéré dès le moment où la décision a été prise qu’elle était liée à la seule souveraineté française, et que le Maroc ne souhaitait pas la commenter. La France ne peut imposer ce sujet sur la table et contraindre le Maroc à l’écouter, à moins que la France elle-même n’en soit lésée, et qu’elle cherche à éteindre le feu qu’elle a elle-même allumé.
Dans cette perspective, le Maroc s’étonne de ces étranges oublis d’un pays qui était jusqu’à récemment un allié traditionnel du royaume, oublis qui ne s’expliquent que par une faible maturité politique, et parmi ces oublis, personne n’a poussé la France à prendre la décision de réduire les visas accordés au Maroc. La diplomatie marocaine, en revanche, n’a jamais évoqué la question ni exigé qu’elle soit évoquée dans le débat politique qui se déroule entre les deux pays. Tel est pris qui croyait prendre.
Loin de telles exagérations, les médias français ne cessent de multiplier les accusations contre le Maroc et ne cessent non plus de s’immiscer dans ses affaires intérieures. Les Etats-Unis, l’Allemagne, Israël, la Chine ont intensifié leurs relations avec un Maroc qui a rejeté la dualité des positions concernant ses questions fondamentales, y compris la question du Sahara.
Et sur la base de ces décisions stratégiques prises par le Maroc, la France ne peut prétendre aujourd’hui que ses différends avec le Maroc sont réglés, sinon nous l’interrogeons ouvertement sur sa position sur la question du Sahara, notamment la proposition d’autonomie et la nécessité de la mettre en œuvre d’urgence.
Le Maroc d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec le Maroc d’hier, car le Maroc d’aujourd’hui a tissé de nouvelles partenariats économiques et politiques de toutes parts, et le Maroc d’aujourd’hui se concentre sur la valeur des relations Sud-Sud et sur la nécessité de faire progresser l’Afrique. Nous disons aussi aux Français que les Marocains d’aujourd’hui croient aussi à la valeur du multilinguisme et des cultures, dont la langue anglaise, que nos enfants maîtrisent dans une large mesure, et attendent une décision officielle pour en faire la deuxième langue après l’arabe.
Le président français lui-même a reconnu à de nombreuses reprises que la langue française a perdu de son rayonnement dans de nombreux pays africains, et il a également admis que la présence française décline jour après jour en Afrique, et ces seuls aveux indiquent que la France n’est plus la destination principale pour nos enfants, que ce soit pour ceux qui souhaitent étudier ou ceux qui recherchent des partenaires économiques, ou ceux qui veulent faire du tourisme, tant les destinations sont devenues nombreuses et variées, et les pays intéressés par le génie marocain n’ont cessé d’augmenter au fil du temps.
Enfin, nous savons très bien que la France est bien consciente que ses décisions concernant le visa n’ont ni valeur ni effet, que l’Espagne a ouvert cette porte à quiconque le désire à des fins touristiques ou économiques, et que l’Allemagne, le Canada, l’Angleterre et les États-Unis Les Etats-Unis sont tous devenus des destinations de prédilection pour nos étudiants souhaitant poursuivre leurs études, et que la Turquie et le Brésil Et de nombreux pays africains n’imposent pas de visa pour ceux qui souhaitent faire du tourisme.